Dans cette interview, nous avons le plaisir de rencontrer Roxanne Koopman, physiothérapeute de l’équipe cycliste Q36.5 Pro cycling Team . Elle partage avec nous son expérience et son expertise dans le domaine de la physiothérapie appliquée au cyclisme professionnel.
CT : Quel a été ton premier attrait pour le domaine de la physiothérapie et des soins dans le cyclisme professionnel ?
RK : Le monde du cyclisme représentait une toute nouvelle expérience pour moi. Après avoir travaillé dans le rugby et le football aux Pays-Bas pendant quatre ans, le passage au cyclisme a été une véritable surprise. La première année a été particulièrement difficile, car j’ai dû m’adapter à de nouvelles responsabilités, telles que prendre soin des coureurs, gérer les aspects logistiques comme la nourriture et les équipements, et assurer mes fonctions de physiothérapeute. C’était un défi, mais j’ai apprécié la dynamique de l’équipe et j’ai été bien soutenue par mes collègues pour m’améliorer. Maintenant, après avoir surmonté ces défis initiaux, je trouve le travail de physiothérapeute dans le cyclisme très gratifiant.
CT : Quel est ton rôle en tant que physiothérapeute et soignant au sein de l’équipe de cyclisme professionnel Q36.5 ?
RK : Mon rôle principal est celui de physiothérapeute. Je suis responsable de la gestion des problèmes physiques des coureurs, que ce soit après une chute lors de courses à étapes ou pour des séances de mobilisation pendant les jours de repos. Je m’assure également de superviser leur programme de renforcement musculaire et de mobilité. En dehors de mes fonctions de physiothérapeute, je suis également impliquée dans des tâches logistiques telles que la préparation des bouteilles et l’assistance générale aux coureurs.
CT : Quelles sont les principales différences entre le traitement des athlètes cyclistes et celui d’autres types d’athlètes ?
RK : Le traitement des cyclistes présente des défis uniques en raison de la nature de leur sport. Les cyclistes passent de longues heures dans des positions spécifiques, ce qui peut entraîner des blessures d’usure, souvent au niveau de la hanche et du bas du dos. La récupération est généralement rapide en raison de la nature « machine-like » du corps des cyclistes, mais il est crucial de diagnostiquer correctement l’origine des problèmes, parfois en remontant jusqu’à la hanche ou au dos. De plus, la gestion du temps est essentielle, car nous disposons souvent de peu de temps pour traiter les coureurs entre les étapes.
CT : Quels sont les défis uniques auxquels tu es confrontée en travaillant avec des cyclistes professionnels ?
RK : Le principal défi est la gestion du temps. Contrairement à d’autres sports où l’on peut avoir une semaine pour traiter un athlète, dans le cyclisme, nous devons souvent intervenir rapidement entre les étapes. De plus, les aspects logistiques tels que la nutrition et l’organisation des équipements peuvent être compliqués, surtout lorsqu’il n’y a pas de chef cuisinier.
CT : Pouvez-vous nous parler d’une journée typique en tant que physiothérapeute lors d’une compétition cycliste ?
RK : Chaque journée est une nouvelle aventure, surtout selon que je participe à une course par étapes ou à une classique d’un jour. En début de saison, je me retrouve souvent sur les routes des classiques. Entre ces courses, il y a toujours quelques jours de répit, une pause bienvenue qui permet de se concentrer sur les détails en coulisse et de prendre soin de nos coureurs, particulièrement après des épreuves exigeantes comme Paris-Roubaix ou l’Amstel Gold Race. Ces jours-là sont dédiés à des massages longs et bienfaisants, ciblant les tensions dans les hanches, le bas du dos, et d’autres zones. Nous prenons le temps nécessaire pour que nos coureurs récupèrent au mieux. En revanche, lors des courses par étapes, le temps est une denrée rare. Les arrivées tardives à l’hôtel laissent peu de marge pour la préparation du lendemain. Bien sûr, tout peut changer en fonction des circonstances. En cas de chute majeure ou de blessure, la priorité est immédiatement accordée aux soins des coureurs, ce qui peut occuper toute la journée, voire la soirée. Heureusement, de telles situations restent rares. Voilà en quoi consiste une journée type dans le monde du cyclisme professionnel.
CT : Quels sont les principaux aspects de la récupération et de la rééducation que vous mettez en place pour les coureurs après les courses ou les entraînements ?
RK : Nous mettons l’accent sur la nutrition, l’hydratation et les massages pour favoriser la récupération. En fonction des besoins individuels des coureurs, nous pouvons également recommander des exercices de mobilisation ou de renforcement musculaire.
CT : En tant que femme travaillant dans un domaine sportif souvent dominé par les hommes, avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
RK : En tant que femme, j’ai été habituée à travailler dans des environnements sportifs masculins, donc cela ne m’a pas posé de problèmes majeurs. L’important est de faire preuve de professionnalisme et de compétence, et généralement, les athlètes acceptent et respectent cela.
CT : Comment établissez-vous une relation de confiance avec les cyclistes que vous traitez, et quelle est l’importance de cette relation pour leur réussite ?
RK : L’établissement d’une relation de confiance est essentiel. Parfois, simplement discuter avec les coureurs de leur famille ou de leurs intérêts personnels peut contribuer à renforcer cette relation. Cela leur donne le sentiment d’être entendus et compris, ce qui est particulièrement important lorsqu’ils sont loin de chez eux pendant de longues périodes.
CT : Pouvez-vous nous parler des performances impressionnantes de Kamil Malecki lors de De Ronde et Roubaix, malgré ses revers physiques antérieurs ?
RK : Kamil a surmonté de nombreux obstacles physiques l’année dernière, mais sa détermination lui a permis de revenir en force cette année. Sa performance remarquable à De Ronde et Roubaix est un témoignage de son travail acharné et de sa résilience. Nous sommes tous très fiers de lui et de ses réalisations, et nous espérons qu’il continuera à briller dans les futures courses.
Un immense merci à Roxanne Koopman pour sa générosité intellectuelle et son temps précieux lors de cette interview. Ses connaissances et son expérience ont enrichi notre compréhension de la physiothérapie dans le monde du cyclisme professionnel.