J’ai eu le plaisir de pouvoir échanger avec Emmanuel Morin au sujet de ses premières saisons professionnelles chez Cofidis. Un échange très intéressant dans lequel Emmanuel revient sur sa préparation en plein Covid, mais aussi ses ambitions pour l’avenir. Bonne lecture !
Cycling Times : Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, tu as 25 ans et tu es membre de l’équipe Cofidis Solutions Crédit depuis 2018, d’abord en tant que stagiaire, puis en tant que membre à part entière depuis 2019. Quel bilan tires tu de ces premières saisons en tant que professionnel chez Cofidis ?
Emmanuel Morin : Le bilan de ma première saison est plutôt mitigé. J’ai beaucoup chuté ce qui m’a empêché d’être à 100% toute la saison. Mais il y a des points positifs, j’ai malgré tout passé un bon cap physique et je me suis très bien intégré à l’effectif. Ma deuxième saison chez les professionnels est nettement meilleure. Tout d’abord car j’ai eu des résultats personnels mais aussi car j’ai pu montrer que je pouvais être un élément important dans l’effectif. Notamment auprès de Guillaume Martin. J’ai également découvert le WorldTour avec le Het Nieuwsblad et le tour de Lombardie ou encore le GP de Plouay. J’ai aussi pu participer à mon premier Grand tour, la Vuelta où j’ai pu montrer mes différentes qualités et où j’ai fait mes deux premiers top 10 en WorldTour (9e et 6e).
L’année 2020 t’as plutôt bien réussi malgré la pandémie, avec quelques beaux résultats notamment lors de la Tropicale Amissa Bongo et du Tour de Slovaquie, mais aussi sur la Vuelta, avec 2 top 10 d’étape. Quelle a été la clé pour toi sur cette année si particulière ?
Je pense que c’est un ensemble de choses qui m’ont permis de passer le gros cap que j’ai passé cette année, physiquement et mentalement. Tout d’abord mes différents stages, avant le stage d’équipe en décembre. Ensuite j’ai découvert les effets de l’altitude avec un stage à Tignes de 2 semaines. Puis j’ai fait un stage de 10 jours dans la région niçoise auprès de mon entraîneur pour faire du rythme derrière scooter. Le confinement m’a également fait passer un cap, physique et mental. J’ai su rester motivé pendant toute la durée du confinement. Les courses Zwift m’ont fait passer un cap mental car c’est quand même très très éprouvant physiquement et psychologiquement. J’ai aussi travaillé sur l’alimentation, sur et en dehors du vélo. Pour ne pas prendre de poids mais aussi pour optimiser mes apports glucidiques à l’entraînement et en course. Je n’ai rien laissé au hasard, et je ne le regrette pas. Je vais rester dans la même dynamique cette saison.
À l’approche de la saison 2021, qui s’annonce elle aussi assez particulière, quels sont les objectifs qui marqueront les prochains mois de ta préparation ?
Je ne veux rien laisser au hasard non plus cette saison. Je repars en stage avant l’équipe pour être performant dès le début de saison. Mon objectif premier, d’un point de vue personnel sera de décrocher mon premier succès chez les professionnel. D’un point de vue collectif, être un élément important auprès de mes leaders. Forcément, je rêve du Tour, avec un départ en Bretagne, non loin de chez moi.
Est-il difficile pour toi de préparer une saison au plus haut niveau dans le contexte actuel ? Comment abordes tu les prochaines compétitions, avec un programme peut-être plus souple et incertain que d’habitude ?
Oui, c’est forcément différent par rapport aux autres années. Nous ne pouvons pas partir en stage où nous le voulons. Les protocoles sanitaires sont stricts mais nous avons pris l’habitude. Le programme a été défini dans « l’idéal ». On sait que certaines courses n’auront peut être pas lieu. Mais on préfère se dire que tout se déroulera comme prévu.
Tu as plutôt un profil de sprinteur si l’on en croit tes résultats récents, quelles sont tes ambitions à long terme dans le cyclisme, les courses sur lesquelles tu aimerais briller le plus ?
Effectivement je suis un sprinteur mais pas que. Je n’ai pas forcément envie d’être mis dans une case. Je suis aussi à l’aise sur les classiques flandriennes et les courses usantes et vallonnées. Je pense être un coureur complet. A l’avenir, j’aimerai devenir l’un des meilleurs sprinteurs français.
Tu es également coéquipier d’Elia Viviani, ancien champion d’Europe sur route, et de Guillaume Martin, entre autres. Quels bénéfices parviens tu à tirer de leur présence au sein de l’effectif ? Le fait de partager des stages et de courir aux côtés de coureurs de classe mondiale te permet-il de progresser plus vite ?
Ce sont deux très grands leaders qui tirent le groupe vers le haut. Forcément on progresse. Je n’ai couru qu’avec Guillaume, mais j’en sors grandi. C’était sur la Vuelta et ça m’a permit d’avoir un apprentissage express. Guillaume est bienveillant et cherche toujours à nous faire progresser et ne fait ressortir que le positif. Participer au succès de Guillaume, au maillot de la montagne c’était juste exceptionnel et c’est mon meilleur souvenir depuis que je suis professionnel. Je ne pouvais rêver mieux pour mon premier grand tour.
Un grand merci à Emmanuel pour cet échange, on lui souhaite de réaliser une belle saison 2021 !