C’est au tour de Juliette Labous de se prêter au jeu des questions/réponses pour Cycling Times. La championne de France du contre la montre évoque ses objectifs pour cette saison, mais revient également en détail sur les coulisses de son titre national décroché cet été. Bonne lecture !
Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, tu as décroché d’excellents résultats chez les juniors en contre la montre notamment, avant d’intégrer les rangs des élites, et tu évolues chez Sunweb, désormais nommée DSM, depuis 2017. Que retiens-tu de ces 4 premières années chez les professionnelles ?
Ce n’est pas évident de résumer ces 4 années mais je pense avoir beaucoup appris au fur et à mesure de ces années. J’ai grandi en tant que cycliste mais aussi en tant que personne aux côtés de l’équipe !
Tu avais notamment terminée meilleure jeune du Giro en 2019 grâce à une très belle 5e place sur le chrono individuel, et tu es devenue championne de France de la spécialité cette année, avant de finir 6e aux Europe. Est-ce que ces résultats t’encouragent à te spécialiser à 100% dans l’exercice, ou préfères-tu également travailler tes qualités sur d’autres terrains, comme la montagne par exemple ?
C’est vrai que le contre la montre est pour l’instant ma première spécialité mais je souhaite être une coureure complète pour atteindre mes objectifs sur les courses par étapes, et cela passe donc par du travail sur mes qualités de grimpeuse / puncheuse.
J’imagine que ce titre national représente quelque chose de spécial pour toi, peux-tu nous décrire plus en détail cette journée particulière, la façon dont tu as géré l’épreuve ?
Oui ce titre restera gravé à jamais dans ma mémoire étant donné que c’est mon premier titre national chez les élites! J’avais à cœur de réussir donc j’avais forcément de la pression mais j’étais très motivée. Aux championnats de France j’étais accompagnée par mes parents et une kinésithérapeute / ostéopathe, et ils m’ont mis dans les meilleures conditions avant la course. J’ai été coachée par un DS du Scod (SCO Dijon, ndlr) comme en 2019, et lui aussi sait me mettre en confiance et me pousser jusqu’au bout de moi même en course. Il y a beaucoup de préparatifs en amont du contre la montre et il faut réussir à tout faire correctement pour être prête. Je me suis sentie bien dès le début mais je suis partie assez prudemment car je sais que c’est souvent un problème quand je pars trop vite, et j’ai pu accélérer dans la deuxième moitié de course et la différence c’est surtout faite je pense dans les derniers 3kms qui étaient montants et exposés ! C’était beaucoup d’émotions quand j’ai appris que j’étais la nouvelle championne de France du contre la montre ! Sentiment d’un objectif accompli !
Cette saison un peu spéciale t’as plutôt bien réussi, mais on peut imaginer que la préparation n’est pas toujours simple, notamment en hiver, avec toutes ces restrictions liées au Covid et l’incertitude permanente. Comment faire pour garder le cap dans ces longues périodes loin des compétitions ?
Oui c’est en effet particulier en ce moment. Je pense qu’il faut plus que jamais savoir s’adapter à toutes sortes de situations et voir sur le long terme. C’est ce qui m’aide au quotidien face à l’incertitude !
La saison 2021 approche à grands pas, malgré les nombreuses annulations. Quels seront tes objectifs majeurs de l’année ?
J’aimerais montrer que j’ai passé un cap cette année et concrétiser avec de beaux résultats. Notamment sur les Ardennaises (Liège Bastogne Liège en particulier) et le Giro Rosa. J’aimerais aussi me qualifier pour les JO mais étant donné qu’il y a qu’une seule place je préfère ne pas me mettre la pression et tout simplement donner le meilleur de moi même sur chaque course pour y accéder !
C’est un sujet qui revient souvent dans les débats, mais le développement du cyclisme féminin reste une problématique importante. Comment décrirais tu le fait d’être coureuse professionnelle aujourd’hui, dans un environnement largement dominé par les hommes, que ce soit au niveau médiatique, mais aussi financier ?
Oui c’est un sujet important actuellement ! Je pense que j’ai de la chance d’être arrivée à cette époque car il y a eu beaucoup de changements ces dernières années et le milieu est beaucoup plus professionnel qu’avant. Il y a encore beaucoup de progrès à faire mais beaucoup de parties souhaitent faire évoluer notre sport. Nous ne sommes pas encore au niveau de médiatisation des garçons et pas non plus sur un pied d’égalité financièrement mais il faut retenir le progrès et avoir de l’espoir pour le futur !
Pour terminer, aurais-tu un message particulier à faire passer aux jeunes filles qui souhaitent atteindre elles aussi le niveau international ?
Oui je pense que le plus important c’est de se faire plaisir sur le vélo, aussi bien en courses qu’à l’entraînement. Il faut aussi s’entourer de personnes qui nous soutiendront dans les bons comme dans les mauvais moments. Et ne jamais rien lâcher quand on a un objectif en tête ! En résumé pour moi il faut de la motivation, de la détermination et de la persévérance !
Un grand merci à Juliette pour ce bel échange, on lui souhaite le meilleur pour la saison à venir !