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Le Tour de France, un patrimoine culturel national

by François-Xavier Roux

En ce jour d’arrivée mythique au sommet du Puy-de-Dôme, les parallèles avec le duel Anquetil – Poulidor (en 1964) sont nombreux. Depuis son apparition en 1903, la Grande boucle a su s’inscrire dans le patrimoine culturel du sport, mais aussi dans la société. De Maurice Garin à Jonas Vingegaard, les Français se sont appropriés les grands champions du cyclisme. Sur les bords de routes en juillet, ils sont des millions à rendre hommage aux forçats de la route.

En 1903 est organisé le premier Tour de France. Henri Desgranges, directeur du journal L’auto, veut une course par étapes pour relancer les ventes de son journal. Sur une idée de Géo Lefèvre, ils mettent en place cette course par étape. Rapidement, son succès explose. La population se presse pour admirer et encourager les champions. Depuis, la ferveur populaire ne retombe pas. Tous les Français sont touchés par le Tour de France, de près ou de loin. Avec le Tour de France, c’est la fierté de voir son village, sa région, mis à l’honneur à travers le monde. Tous les départements ont accueilli au moins une fois le Tour de France depuis 1903. L’Indre est le département qui a le moins été traversé : seulement neuf fois en 110 éditions. A travers différents facteurs (géographiques et médiatiques), la Grande boucle est désormais dans l’ADN de la France.

La richesse des paysages français

Le propre du Tour de France est de concilier la diversité géographique de la France en une seule épreuve. Bord de mer, campagne, haute montagne, ville, etc. tout y passe ! Mais chaque année ne se ressemble pas. Les tracés du Tour de France sont de véritables cours de géographies, qui mettent au même niveau Limoges que Paris. Diffusée à l’international (près de 200 pays suivent la course en direct), l’épreuve permet de mettre en lumière les valeurs de la France, à travers son histoire inscrite dans la pierre et traversée par le peloton. Le parcours d’une édition est le fruit d’une longue réflexion, sur plus de deux ans. En jouant sur l’intérêt sportif (étapes de montagnes ou de plaines), Amaury Sport Organisation (l’organisateur) se penche aussi sur la richesse des provinces traversées. Jean-Maurice Ooghe, réalisateur du Tour de France entre 1997 et 2009 explique que « les Français regardent la course autant que le paysage qu’elle traverse ».

Le Mont Ventoux, un habitué du Tour de France, qui domine les plaines de Provence

Le Tour s’appuie sur une géographie déjà existante, comme le final sur les Champs-Elysées, mais contribue aussi à « créer » de nouveaux espaces touristiques. Certains lieux sont devenus incontournables grâce au Tour. La montagne est particulièrement propice à cette valorisation. L’étape du jour, qui se finit au sommet du Puy-de-Dôme en est le parfait exemple. Avec le mont Ventoux, l’épreuve a une saveur particulière quand les cyclistes gravissent ces géants. La diffusion à la télévision permet à la population de découvrir l’originalité de ces terrains. Elle joue un rôle considérable dans le caractère géographique de la course, offrant aux suiveurs la possibilité de se représenter concrètement ce qu’endurent les cyclistes. Le premier direct en extérieur de l’histoire de la télévision a d’ailleurs eu lieu sur le bord du Tour de France, en 1948. Mais l’organisation ne met pas uniquement l’accent sur les paysages montagneux. En 2013, pour les cent ans du Tour de France, un accord signé entre ASO et le Centre des Monuments Nationaux (CMN) prévoyait un dispositif spécial, pour faire découvrir une vingtaine de monuments à travers le territoire français.

Les relais culturels du Tour

Ce qui a aussi permis au Tour de France de s’inscrire dans le patrimoine de la France, est toute la communication autour de l’épreuve. Tout un imaginaire collectif s’est mis en place. Et c’est ce que voulait Henri Desgrange en 1903. Il a créé l’épreuve pour relancer les ventes de son journal, à travers un dispositif journalistique particulièrement important. L’écriture et le Tour de France ne font qu’un. En 2017, le journaliste et écrivain Jean-Louis Ezine déclare : « Avec le Tour de France, il s’agissait de tenir le public en haleine. C’est donc en cela une idée d’écrivain, une création littéraire d’abord pensée pour faire vendre du papier, du récit ». Un journaliste a particulièrement contribué à la romance de la Grande boucle : Antoine Blondin. Journaliste à L’Equipe, il publie plus de 500 chroniques entre 1954 et 1982. A l’aide d’habiles tournures de phrases, un style perçant et une rigueur dans les mots, il parvenait à faire vivre les étapes comme si le lecteur y était. Il mettait « les mots justes sur les exploits et les maux des coureurs », écrit Antoine Grenapit pour Le Point.

« Le Tour de France, dont le propre est d’aller de l’avant, bien qu’il tourne parfois autour de lui-même, porte un solide bagage de traditions, parfois mystérieuses. Il sécrète des intentions, des actes, des gestes et en conserve la mémoire dans ses sites légendaires. »

Antoine Blondin, 1982

Le Tour de France peut aussi remercier le cinéma. De nombreux réalisateurs se sont appuyés sur le cadre qu’offre l’épreuve pour écrire leurs films. Dès 1925, un premier film (muet) a pour thème la Grande boucle. Maurice Champreux met en scène les péripéties de Fortuné, un employé d’hôtel, qui participe à l’épreuve. En 1965, Claude Lellouche tourne un documentaire, avec Raymond Poulidor. Il explique que « le film montre que le Tour de France est à la fois une épreuve nationale et une grande fête ». En 2013, pour le centenaire de l’épreuve, Laurent Tuel réalise La grande boucle, un film qui « se veut un hommage voire une ode au Tour de France […] à voir sans grande illusion mais avec un certain plaisir ». Le caractère romanesque de la Grande boucle n’a pas fini d’inspirer le cinéma.

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