Dans le monde, il existe des ascensions réputées pour leurs pentes vertigineuses et leur longueur insoutenable. Des cols tellement durs qu’elles inspirent aux coureurs un respect et une crainte dès qu’on évoque une seule fois leurs noms. l’Alto de l’Angliru fait partie de cette caste.
Quel relief la route de l’Angliru traverse ?
L’Alto de l’Angliru est située dans la Principauté des Asturies, dans le Nord de l’Espagne, et à environ 20 kilomètres au sud d’Oviedo, capitale de cette principauté. L’Angliru est située en plein cœur de la Cordillère Cantabrique. Cette chaîne de montagne du Nord de l’Espagne s’étend des limites territoriales de la Galicie jusqu’à celles du Pays Basque espagnol.
La Cordillère Cantabrique abrite d’autres routes montagneuses qui sont utilisées par la Vuelta, comme l’ascension des Lagos de Covadonga, situées elles aussi dans les Asturies.
L’Alto de Angliru, dont le sommet est à 1568 mètres au-dessus du niveau de la mer, se situe plus précisément au cœur du Sierra del Aramo, un massif montagneux dont le sommet est l’Alto del Gamoniteiro, haute de 1791 mètres, désormais elle aussi utilisée comme arrivée au sommet au Tour d’Espagne en 2021.
Une histoire à la fois courte et riche.
La plupart des cols mythiques des grands tours ont une longue histoire derrière eux, remontant même à un siècle, comme le Tourmalet dont sa première apparition remonte à 1910. L’Angliru a quant à elle une histoire beaucoup plus courte, puisque ce n’est que le 12 septembre 1999 qu’elle fait sa première apparition dans le Tour d’Espagne.
Le premier coureur à venir s’imposer au sommet de ce col fut le regretté José Maria Jimenez (1971-2003). Cette première apparition dans le Tour d’Espagne a été une grande réussite et depuis cette date historique, l’Angliru a été utilisé comme arrivée d’étape dans sept éditions suivantes (2000, 2002, 2008, 2011, 2013, 2017, 2020).
En seulement 24 ans d’existence, cette ascension en plein cœur des Asturies est devenue un incontournable au sein de la culture cycliste. L’Angliru est devenu l’un de ces cols mythiques que tout grimpeur souhaite ajouter à son « tableau de chasse », à l’instar du Mortirolo dans les Alpes Italiennes ou le Mont Ventoux en France.
Pourtant, l’histoire de l’Angliru n’a pas toujours été joyeuse. En 2002, lorsque l’Angliru a été emprunté pour la troisième fois, une grosse averse s’abat sur l’ascension. Sous l’effet de la pluie qui rend la route très glissante, et la dureté de la pente, les coureurs ont souffert comme rarement dans une course de vélo et de nombreuses polémiques s’ensuivent. David Millar, qui a chuté deux fois durant cette montée, ne mâcha pas sa colère envers les organisateurs :
« Nous ne sommes pas des animaux. C’est inhumain. »
David Millar à la presse après la 15ème étape de la Vuelta 2002.
En réponse à cela, l’Angliru a été oubliée pendant six années, avant de faire sa réapparition en 2008, avec la victoire d’Alberto Contador qui se dirigea vers sa première victoire dans le Tour d’Espagne. El Pistolero a d’ailleurs une histoire particulière avec cette ascension, puisque c’est sur ces pentes que ce dernier allait chercher la dernière victoire de sa carrière, le 9 septembre 2017.
C’est grâce à cet ultime exploit que Contador est le seul à s’être imposé deux fois dans l’Angliru. Une performance non réitérée depuis lors.
L’une des ascensions les plus difficiles d’Europe
Remco Evenepoel aux micros de la RTBF à propos de l’Angliru
Ce sont les mots de Remco Evenepoel pour qualifier la dureté de cette ascension de l’Angliru. Le champion de Belgique avait effectué une reconnaissance quelques jours avant d’ajouter une troisième Klasikoa à son palmarès. L’Alto de l’Angliru est considéré comme l’un des cols les plus durs d’Europe.
L’Alto de l’Angliru est long de 12,8 kilomètres avec une pente moyenne de 9,8%, selon les organisateurs de la Vuelta. Les trois premiers kilomètres sont plutôt durs, avec une pente moyenne de 8,7%. Cette première partie du col fatigue déjà les coureurs, avec des pentes à la fois délicates à gérer, mais aussi relativement régulières.
Après trois kilomètres de montée, la route devient plus facile, avec des passages plats permettant aux coureurs de récupérer avant la partie dure de l’ascension, qui justifie à elle seule la réputation de l’Angliru.
Cette portion dure de la montée est longue de 6,5 kilomètres à 13,3% de pente moyenne, avec des passages vertigineux à 22 et 24%. Avec un pourcentage pareil, les cyclistes, amateurs comme pros, excepté les meilleurs grimpeurs, sont contraints de zigzaguer pour supporter la charge de la pente.
Mais ce qui fait de l’Angliru l’un des cols les plus durs d’Europe n’est pas seulement la difficulté de la pente mais aussi sa régularité. Dans ces 6,5 kilomètres, il n’y a aucun replat, donc aucune opportunité aux coureurs de redescendre son rythme cardiaque avant de s’employer de nouveau.
Que se passera t-il cette année ?
Ce mercredi 13 septembre 2023, l’Angliru effectuera sa neuvième apparition dans la Vuelta en tant que juge de paix de la 17ème étape. La victoire d’étape pourrait être dans les mains de l’échappée, où de nombreux coureurs ont déjà exprimé l’envie de la remporter, dont Remco Evenepoel.
Mais à l’heure où est écrit cet article, cette ascension sera probablement le juge de paix qui départagera la victoire finale entre les favoris de cette Vuelta. Sepp Kuss, surprenant maillot rouge depuis sa victoire à Javalambre, commence à afficher ses limites, puisqu’on l’a vu perdre quatre secondes à Roglic, Ayuso et Mas dans la montée de Bejes. Commence-t-il à faiblir de ses efforts employés cette saison ou est-ce dû au fait que la montée ne correspondait pas à son profil de pur grimpeur ? Nous le verrons cet après-midi.
Jonas Vingegaard, quant à lui, a retrouvé sa forme du Tour de France après une première semaine compliquée et semble à nouveau intouchable en montagne après ses deux victoires d’étape au Tourmalet et à Bejes. En cas de défaillance de Kuss, le Danois pourrait alors décider d’accélérer l’allure et de s’emparer du maillot rouge de cette Vuelta.
Quoi qu’il en soit, l’étape sera intéressante à regarder et complètera la légende de l’Angliru.