Suite aux nombreuses (et graves) chutes survenues en ce début de saison, Colin Bourgeat a donné la parole aux coureurs. Si vous l’avez loupée, découvrez dans la première partie pourquoi ces chutes sont de plus en plus fréquentes selon les coureurs.
Pour comprendre pleinement leur point de vue, nous vous invitons à visionner la vidéo complète.
Une solution s’impose
Face à ce constat alarmant, les coureurs ont évoqué plusieurs propositions pour remédier à la situation. Si certaines font débat comme la limitation de la caféine ou du matériel, l’instauration d’avertissements et de cartons pouvant entraîner des suspensions a recueilli un large consensus. Des caméras sont déjà installées sur les vélos pour la télé. D’autres devront l’être pour que cette mesure soit efficace. Pour Maël Guégan, c’est même inévitable : “Pour sanctionner va falloir avoir des preuves. Et tout ce qui se passe en interne du peloton, personne ne le voit à part les coureurs. Donc ouais il faudrait mettre des caméras sur les vélos”. Cette mesure, jugée rapide et efficace, pourrait même être mise en place dès le premier août.
D’autres mesures qui font débat
Parallèlement, on évoque l’idée d’introduire davantage de protections, à l’instar du halo en Formule 1. Les chutes restent inévitables, mais il est possible d’atténuer leurs conséquences. “Un airbag ça existe déjà pour monsieur tout le monde. Est-ce qu’il n’y aurait pas quelque chose à développer à les intégrer dans les maillots ? […] Qu’ils développent un système en priorité sur les parties vertèbres, cervicales, au niveau des hanches. Quelque chose qui soit mis en place et commun à tout le monde. Pour que les chutes graves soient un petit peu résorbées par ces systèmes, même si ça n’enlèvera pas la base ; les oreillettes qui font un peu de mal. On laisse toujours de côté l’intégrité des coureurs” propose Geoffrey Soupe.
Pour d’autres coureurs, le matériel doit également être repensé. Limiter les braquets, les évolutions ou encore imposer des pneus communs à tout le peloton ont été évoqués par Maël Guégan, Hugo Hofstetter ou Guillaume Martin mais pour beaucoup, cette option n’est pas envisageable. Julien Bernard explique : “Le matériel […] ça me paraît, de mon point de vue, assez compliqué de limiter, il ne faut pas non plus oublier que c’est nos sponsors, des usines, c’est pleins de gens qui travaillent. […] La Formule 1, la différence, c’est que tu ne les vends pas. Tu n’as pas de Formule 1 dans les magasins. Donc c’est sûr que c’est pas la même chose que le vélo. […] Les gens peuvent acheter les mêmes que nous, c’est pour ça que toute la partie matériel, développement, … ça me parait assez dur de la limiter”.
Face aux arguments contre la caféine, pointée du doigt par certains coureurs, Kévin Vauquelin précise : “La caféine, je pense qu’il ne faut pas tout mettre là-dessus. Dans les preuves scientifiques, c’est juste que tu as moins de fatigue, c’est pas que tu deviens fou non plus. […] Des doses exagérées ça n’a même plus normalement aucun effet que si tu prenais 200mg. Je pense que c’est aussi étudié scientifiquement”.
En outre, la suppression des oreillettes, ou instaurer un canal radio unique, contrôlé par l’organisation de la course, pourrait être un moyen de limiter les distractions et les chutes pendant les épreuves. “Au-delà des coureurs, la pression de courir ensemble vient aussi des oreillettes. Les supprimer ça peut être une bonne chose. Revenir aux sources, étudier un peu mieux le parcours et essayer de faire les choses différemment” affirme Geoffrey Soupe.
L’UCI doit prendre ses responsabilités
L’ensemble des coureurs ont lancé un appel pressant à l’Union Cycliste Internationale (UCI) pour qu’elle prenne des mesures concrètes afin de garantir la sécurité des compétiteurs sur les routes. « Je trouve quand même déplorable d’attendre que les principaux leaders se mettent “out” pour lancer le débat. J’ai l’impression que nos instances ne font rien du tout. […] C’est comme si on roulait en short tee-shirt dans sa bagnole. On ouvre la porte et on saute, c’est la même chose » souligne Rudy Molard.
À travers leurs témoignages, tous insistent sur la nécessité d’agir rapidement et de prendre plusieurs mesures pour inverser la tendance actuelle et préserver l’intégrité physique des athlètes. L’UCI a désormais toutes les cartes en main, affaire à suivre…