Lenny Martinez est l’un des plus grands espoirs français de sa génération. Il est issu d’une famille de cyclistes. Son père a notamment été titré aux Jeux Olympiques de 2000 en VTT. Lenny sort d’une bonne année avec l’équipe continentale de Groupama-FDJ et va intégrer la formation professionnelle la saison prochaine. Il a accepté de répondre à nos questions dans cette interview.
La famille proche et la famille Groupama-FDJ
Cycling Times : Bonjour Lenny, le cyclisme, c’est une histoire de famille pour toi. Ton père a été champion du monde et champion olympique de VTT en 2000, ton grand-père maillot à pois du Tour de France en 1978 notamment, ton oncle aussi a été cycliste professionnel. Est-ce que le cyclisme a toujours pris une place importante dans ton quotidien ? C’était déjà une passion pour toi quand tu étais enfant ? Et pourquoi as-tu commencé le cyclisme ?
Lenny Martinez : Ouais, j’ai toujours baigné dedans, donc c’était naturel. Je ne faisais pas forcément de vélo. Enfin, j’en faisais, mais à l’âge de 14 ans je suis venu habiter chez mon père. Et là, j’ai commencé à vraiment faire du vélo. Un peu plus qu’avant. Je baignais dans le vélo avec la famille donc c’était quelque chose de naturel. J’ai toujours voulu en faire au final.
C.T. : Et du coup, est-ce que pour toi il y a une certaine pression de devoir faire aussi bien que ta famille ou pas du tout ?
L.M. : Non, y’a pas de pression. Il y a beaucoup de personnes qui me demandent, mais pour égaler mon père, ça va être compliqué. Je vais faire ma route, puis on verra. Chacun est différent, on verra bien. Mais il n’y a pas du tout de pression, non.
C.T. : De par ces liens de parenté, tu es exposé aux médias spécialisés depuis longtemps. Est-ce que ça t’a ajouté une pression supplémentaire ? Si oui, comment est-ce que tu la gères ?
L.M. : Les médias, ça va, vu que c’était déjà assez tôt. […]. Je m’y habitue petit à petit. C’est vrai que parfois, surtout quand on finit les courses et qu’il y a des interviews à l’arrivée, ça prend un peu de temps. Mais après ça fait partie du truc donc ça va. Ça ne me pose pas de souci. Ça fait partie du vélo.
C.T. : Cette année tu étais dans la Conti Groupama, tu avais d’abord fait deux années chez les juniors. Est-ce que tu peux nous expliquer comment se traduisent les différences entre ces deux catégories dans ton quotidien ? Que ce soit sur la charge d’entraînement, l’encadrement qui est plus professionnel, … En allant à la FDJ, comment se passe la différence entre junior et espoir ?
L.M. : C’est sûr qu’il y a un petit peu plus d’entraînement […], parfois des petits stages avant des grosses courses. Il y a plus d’entraînements qu’en junior, mais ça reste un peu le même principe.
C’est vrai que la conti est quand même bien professionnelle. Quand je vois comme c’était avant et comment je suis à la conti, c’est totalement différent. On est super bien encadré. Tout est top, même hors des courses, donc c’est vraiment bien. Parfois, j’ai l’impression que je n’ai pas progressé, mais je pense que si.
Si je m’étais mis en tant que junior, sur une course espoirs cette année, j’aurais pas pû faire ce que j’ai fait. Donc je pense que j’ai progressé, mais je ne le vois pas forcément.
C.T. : En 2022, l’équipe continentale Groupama FDJ réalise sa meilleure année : 19 victoires et un niveau d’ensemble très impressionnant. Est-ce que tu dirais que le niveau de tes coéquipiers t’aide à te surpasser et à devenir meilleur ?
L.M. : C’est sûr que ça me met dans une bonne spirale quand tout le monde gagne. C’est vraiment bien. Puis ça te donne confiance. Les mecs de l’équipe qui gagnent, on les voit parfois en dehors des courses. Il suffit qu’il y en ait un qui ne soit pas bien à l’entraînement, puis qu’il gagne le week-end suivant. Du coup, on se dit […] : “si je ne suis pas bien à l’entraînement, […], c’est pas perdu”. On ne voit pas que les victoires, on voit aussi l’aspect autre du vélo, donc ça met l’équipe dans une bonne spirale.
C.T. : Donc il y a une bonne ambiance, vous êtes assez soudés. Il n’y a pas trop de rivalité entre vous ?
L.M. : Non, il n’y a pas du tout de rivalité.
« je sais qu’en World Tour, je n’ai pas ma place sur les chronos »
C.T. : Parlons maintenant du contre-la-montre. Tu as un petit gabarit et tu es plutôt léger. Ça ne t’empêche pas du tout de performer dans cet exercice. Tu as d’ailleurs terminé 5e au championnat de France espoir, ce qui est vraiment honorable. Est-ce que tu considères ton profil similaire à celui d’Evenepoel ? Tu es plutôt grimpeur rouleur ?
L.M. : Moi, je me mettrai plus grimpeur. Si je faisais des chronos en World Tour, je me prendrai une petite claque. Après, Remco [ndlr : Evenepoel] est beaucoup plus lourd que moi. Je pense qu’à l’avenir, si je prends du poids en me développant, et en prenant de la force aussi, je pourrais devenir ce profil là. Pour l’instant, je sais qu’en World Tour, je n’ai pas ma place sur les chronos.
C.T. : Actuellement, quelle place prend le chrono dans ton quotidien ?
L.M. : J’essaye d’en faire une à deux fois par semaine. Que ce soit en récupération ou en sortie d’endurance. Et puis, je fais quelques exercices avant les contre-la-montre importants. Je ne le prépare pas comme un spécialiste. Mais c’est bien d’en faire toutes les semaines pour garder la position et pour pas trop oublier.
[…]
Dans la prochaine partie de l’interview, Lenny Martinez nous parlera des courses majeures auxquelles il a participé cette saison et ce qu’il en retient.
Interview réalisée avec Julie Maugeais