Lenny Martinez est l’un des plus grands espoirs français de sa génération. Cette année, il a disputé sa première course professionnelle avec l’équipe Groupama-FDJ, qu’il intégrera pour la saison 2023.
Dans la partie précédente, Lenny nous parlait de sa famille, de son équipe continentale et du contre-la-montre.
Ce passage de l’interview est une manière de faire le bilan de l’année 2022. Il parle des différentes courses effectuées cette saison et de ce qu’il en retient.
Cycling Times : Sur le Tour des Alpes, tu termines 3e du classement des jeunes (derrière Arensman et Buitrago et devant Sean Quinn et Cian Uijtdebroeks) et 14e du classement général : Est-ce que tu t’es surpris ?
Lenny Martinez : Oui, parce que c’était la première course à étape avec la World Team. Et on est toujours impressionnés par les coureurs avec qui on court. Comme je le disais, ce sont des mecs qu’on voit à la télé, donc ça fait un peu bizarre. Puis, on monte un col, on monte deux cols et on se rend compte qu’il y a de moins en moins de monde mais que nous on est toujours là. Ça fait bizarre au début mais il ne faut pas avoir de complexe. Il faut se battre avec eux même si on est tout jeune.
C.T. : Nous allons maintenant parler de la Mercan’Tour. Quel sentiment procure le fait de battre Froome sur une étape avec trois cols majeurs ? Plus sérieusement, tu fais 8e de cette Mercan’Tour. C’est ton premier top 10 chez les élites et David Gaudu termine 3e. Quelle sensation cela fait d’être parmi les meilleurs, de jouer avec eux ?
L.M. : Ça fait bizarre, comme au Tour des Alpes. Mais là, c’était mon premier top 10. Donc c’est quelque chose de beau. En plus, j’ai roulé pour l’équipe. Après le dernier col, j’avais plus vraiment grand-chose pour aider David mais, ouais, ça fait bizarre de rentrer dans le top 10. Puis je ne pensais pas faire ça quand même. Mais bon, plus on montait, plus ça lâchait. Après, Froome, je pense qu’il n’était pas dans la même forme que les années où il gagne le Tour. Mais bon, c’est Froome quand même. […] Je crois que la première fois que je l’ai vu, c’était au Tour des Alpes et je me souviens, j’avais abordé le col vraiment mal placé. J’arrivais pas trop à frotter, surtout avec les mecs qu’il y avait. Je remontais dans le peloton. A un moment, je tombe sur Froome et il commence à me faire la cassure dans le col. Je lui dit « Froomey Froomey non ! ». Et, je l’ai passé. C’est vrai que ça fait bizarre de passer un coureur comme lui. […] Le premier Tour que j’ai regardé, c’est quand il y avait Froome maillot jaune.
C.T. : Sur le Baby Giro, quelle sensation ça t’a procuré d’être parmi les plus forts ? Est-ce que ça donne plus de confiance pour le reste de la saison ?
L.M. : Ouais, c’était […] le premier vrai résultat en espoir sur une course à étape. C’est un peu comme le Giro, mais en espoir. Donc être sur le podium, c’était pas mal. J’ai pas eu de victoire d’étape mais c’était vraiment pas loin. Ça m’a donné aussi la confiance pour le Val d’Aoste, le Tour de l’Avenir, et toutes les courses à étapes généralement. […]
C.T. : Parles-nous de l’étape du Mortirolo.
L.M. : J’avais presque 3 minutes d’avance en bas du Mortirolo. Il restait 25 bornes. On avait peut-être 5h30 de course à ce moment-là. Je n’étais pas autant habitué [ndlr : aux efforts longs]. Maintenant dans la saison ça irait mieux. Mais j’ai complètement craqué. Tu sais, t’as plus rien et le corps, il est vide, t’as plus d’énergie et du coup t’avances plus quoi. Je me disais : “Putain… Pas maintenant quoi !”. Mais bon c’est la course.
C.T. : Donc c’était simplement un problème de gestion ?
L.M. : Pas forcément, parce que quand j’étais dans le Mortirolo, où je suis parti, je pense que les mecs étaient autant à bloc derrière. Mais par exemple, comparé à Leo Hayter, il a été régulier toute l’étape. Et moi, j’ai vraiment flanché sur la fin. On l’aurait fait maintenant dans la saison, ça ne se serait pas passé comme ça. J’aurais sûrement continué.
C.T. : Tu manquais encore un peu de caisse ?
L.M. : Oui, j’avais peut-être pas la caisse au début de la saison.
C.T. : Que retiens-tu de ta victoire du Tour du Val d’Aoste ?
L.M. : Je suis vraiment content parce que gagner un classement général sur une course, c’est vraiment bien. Surtout le Val d’Aoste. Vu que c’est une des courses les plus dures chez les espoirs. C’était tous les jours le chantier là-bas. Ce tour me correspond bien. C’est une première victoire en Espoir. Donc ouais, c’est positif.
C.T. : Maintenant, nous allons parler du Tour de l’Avenir. Comment est-ce que tu expliques ton coup de moins bien dans les étapes de montagne ? Pour toi c’était une conséquence de la chute que tu as eu sur la 7e étape ou plutôt une accumulation de fatigue ?
L.M. : Je ne sais pas. Parce que quand je suis tombé, je me suis vraiment fait mal sur le côté de la hanche mais je suis reparti. Après, je ne sentais plus la douleur du côté de la chute. mais j’avais quand même un bon hématome, […] plus la pizza et tout ça. Donc, forcément, ça gêne le flux sanguin dans les jambes. Puis après, il y avait aussi de la fatigue. Je ne sais pas trop comment l’expliquer. J’étais pas aussi fort qu’au Val d’Aoste. Donc peut-être un peu de fatigue, mais maintenant je me sens bien. Dans la saison, il y a des moments où on a des petits coups de fatigue, où on marche un peu moins bien, d’autres où on vole. […] Ça ne se contrôle pas. C’est tombé sur le Tour de l’Avenir…
C.T. : Est-ce que le Tour de l’Avenir était un objectif pour toi ? Ou bien les courses avec l’équipe continentale passaient en priorité ?
L.M. : Oui, c’était un objectif. Vu que j’avais fait podium sur quasiment toutes les courses à étapes que j’avais faites, je voulais faire au moins un podium sur le Tour de l’Avenir aussi. Malheureusement, je termine 8e. Bon, c’est pas trop mal en étant moins bien… C’est comme ça. Je me dis qu’on peut pas être bien sur toute l’année, donc c’est pas grave.
C.T. : Au vu de l’issue différente de celle du Tour du Val d’Aoste, qu’est-ce que tu retiens de ce Tour de l’Avenir ?
L.M. : C’est ma première course à étape de 10 jours il me semble. Je me dis que ça va bien me servir pour la suite. Puis, je sens que j’ai pris un peu de caisse en sortant du Tour de l’Avenir. Parce que quand on fait de longues courses à étapes, ça donne de la force. Je pense que ça va bien me faire progresser.
C.T. : Nous avons vu que tu avais été en stage pour préparer le Tour de l’Avenir notamment. Comment ça se passe concrètement ?
L.M. : Pour le Baby Giro on a fait un stage aussi. Surtout pour reconnaître les étapes. Après quand t’arrives sur les courses, tu connais les bosses, c’est plus facile de gérer […]. On a aussi fait un stage avant le Val-d’Aoste. Pareil, on a reconnu toutes les étapes, tous les parcours de tous les jours, de A à Z. Ça permet de reconnaître les étapes, de faire un gros bloc d’entraînement aussi. Ensuite, on récupère un peu, on surcompense et ça permet d’être plus fort […] sur la course. Donc ouais, faire un bloc d’entraînement et reconnaître les étapes.
C.T. : Même si ton année 2022 n’est pas encore finie, quel bilan tires-tu de cette saison ?
L.M. : C’est au-delà de mes attentes. Parce que durant ma première année Espoir, je décroche un contrat en World Tour pour la saison prochaine. Je pense que c’est mission réussie ! […] En bonus, j’ai pas trop mal marché sur les courses avec l’équipe World Tour. C’est plutôt rassurant pour l’année prochaine.
C.T. : Ça nous permet de faire une transition avec la prochaine question. Quel est ton programme pour l’année prochaine ?
L.M. : L’année prochaine, je ne sais pas du tout. Je vais sûrement faire des courses comme le Tour des Alpes, et les petites courses à étapes de 10 jours. Pas un Grand Tour l’année prochaine. À moins que je vole. Je ferais plutôt des courses d’apprentissage, je pense que j’aurai ma carte. Et aussi, je pourrais aider les grimpeurs. Donc voilà, j’ai pas encore trop discuté là-dessus, mais je pense que ça va être ça.
[…]
Pour conclure cette mini-série, Lenny Martinez en dira plus sur son passage au monde professionnel. sur son transfert (il révèlera même les équipes qui l’ont approché afin d’intégrer leur équipe). Il conclura en nous parlant du MPCC et de ce que représente le vélo pour lui..