Matej Mohoric est l’un des coureurs les plus talentueux de sa génération. Son palmarès en est la preuve : titres mondiaux en catégories Juniors et Espoirs, victoires d’étapes sur les trois Grands Tour, Milan-Sanremo…
Le slovène de 27 ans est dans la tranche d’âge considérée comme optimale pour performer. Ses deux dernières années en sont la preuve avec ses victoires sur la Grande Boucle et la Primavera. Sa remarquable performance sur le dernier Paris-Roubaix n’a pas échappé aux suiveurs (5e).
Dans un article paru le 24 novembre dans Siol, un journal slovène, le coureur de Bahrain-Victorious a fait part de ses ambitions pour 2023. Il rapporte viser l’Enfer du Nord sur l’année à venir. Peut-il vraiment espérer gagner ?
Le coureur qu’il est vraiment
Matej Mohoric est un coureur complet et endurant. Il roule, passe bien les bosses, est agile, est intelligent et fait preuve d’une endurance hors du commun. C’est ce qui lui a permis de décrocher tant de succès. Ses victoires majeures ont toutes été acquises sur des courses où la distance dépassait 200 kilomètres. Plus la distance est longue, plus le Slovène apprécie. C’est à force d’attaques et de tempo élevé que ses adversaires craquent.
Ses capacités de rouleur lui sont utiles dans ces moments-ci. Une fois que ses opposants sont dans le rouge, le coureur de Bahrain-Victorious trouve généralement les ressources nécessaires pour les laisser sur le carreau et filer vers la victoire.
Même si le slovène fait preuve d’une des plus grandes endurances du peloton, cela ne suffit pas toujours. Il peut alors compter sur son adresse extraordinaire . C’est l’une des caractéristiques qui a porté rapidement l’attention sur lui. Il est l’auteur du Supertcuck, une technique de descente dorénavant proscrite. Elle portait le nom officieux de “position Mohoric”.
Sa virtuose descente du Poggio lors de Milan-Sanremo est elle aussi une preuve de ses talents de descendeur mais aussi une démonstration de son intérêt pour cette discipline. A l’aide d’une selle télescopique d’une amplitude de 6 centimètres, Matej Mohoric a pu distancer ses adversaires dans l’ultime descente. Il a confié dans les médias avoir testé ce système durant l’hiver précédent avec différentes ajustations. Un coup prémédité. Mohoric est aussi pointilleux sur les détails.
Outre ses coups stratégiques et technologiques, le slovène est un redoutable puncheur. Il a toujours brillé sur les terrains vallonnés comme en attestent ses titres mondiaux, sa première victoire sur le Tour ou son sacre sur la CRO Race en 2022 devant Jonas Vingegaard, le vainqueur sortant de la Grande Boucle.
En somme, Matej Mohoric est un puncheur endurant qui a un sens de la course surdéveloppé et une facilité quand il s’agit de mettre en lumière des technologies et des techniques novatrices.
Son passé avec Paris-Roubaix
La relation de Matej Mohoric avec l’Enfer du Nord n’a pas toujours été très bonne. Avant sa 3ème participation et sa 5ème place, il comptait un abandon et une singulière 70ème place. Pourtant, le slovène avait terminé l’épreuve dans le top 15 en 2011 chez les Juniors. Une place de bonne augure concernant ses capacités sur les pavés. Mais comme l’attestent ses résultats, qu’il a eu dans un premier temps du mal à confirmer ; jusqu’à l’édition 2022.
Cette année, Mohoric a été l’un des grands acteurs de l’Enfer du Nord. Fidèle à son habitude, il a suivi les offensives de ses adversaires avant de placer la sienne.
Cette fois-ci, son tempérament d’attaquant ne lui a pas permis de triompher. Il s’est fait rattraper suite à un problème mécanique puis a terminé dans le deuxième groupe. C’est donc une 5ème place finale qu’il a décroché. Enfin la performance espérée sur cette course !
Lever les bras à Roubaix
Pour lever les bras sur le vélodrome André Pétrieux il faut de la chance mais aussi beaucoup de talent. Il est impossible de gagner si l’un des facteurs manque à l’appel.
Beaucoup de coureurs ont perdu la course sur ennui mécanique ou simplement car la météo ne les mettait pas à leur avantage.
Dans le cas Mohoric, une météo pluvieuse l’avantagerait. Son poids plus léger que les autres lui faciliterait la tâche. Il s’enfoncerait moins dans la boue tandis que si le temps est poussiéreux, le slovène aurait plus de difficultés pour garder son vélo collé sur les pavés.
Pour gagner, il faut être le plus fort parmi les chanceux. La forme est donc primordiale. L’an dernier Matej Mohoric a rapidement levé les bras. Sur l’Enfer du Nord, il était probablement sur une forme descendante malgré sa performance très honorable. Maintenant, qu’il fait de Paris- Roubaix son objectif principal, le coureur de Bahrain-Victorious viendra, si tout se passe bien, dans une forme optimale.
Son penchant pour les technologies novatrices pourrait lui permettre de prendre l’ascendant sur les adversaires. A la manière d’un Gilbert Duclos-Lassalle et sa fourche télescopique en 1993, Matej Mohoric pourrait innover. De quoi est-il capable ?
Remporter l’Enfer du Nord est largement dans les cordes de Matej Mohoric. Pour ça, il faudrait que la chance soit de son côté, que la course soit usante et que sa forme soit digne de sa volonté. A lui de jouer !
