Le 18 Juillet 2023, un homme mit le cyclisme professionnel en état de sidération total. En effet, lors de la 16e étape du Tour de France, un contre-la-montre de 22 kilomètres entre les communes de Passy et de Combloux, Jonas Vingegaard écrase l’étape avec un temps de 32 minutes et 55 secondes, avec des écarts abyssaux sur ses adversaires. Une victoire qui lui ouvre le chemin vers son deuxième sacre consécutif au Tour de France.
Cette performance ahurissante du coureur danois de la Jumbo-Visma s’est classée 6e de notre classement Cycling Times.
Un scénario tout à fait inattendu
Nous sommes le 18 Juillet 2023. Au lendemain de la deuxième journée de repos, l’affrontement entre le maillot jaune Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar pour le maillot jaune est à son paroxysme. En effet, l’écart entre les deux phénomènes est de seulement 10 secondes, après 15 étapes.
La 16e étape du Tour de France tombe bien à pic, puisqu’il s’agit d’un contre-la-montre en côte de 22,4 kilomètres entre les communes de Passy et Combloux. Un contre-la-montre moyennement long qui devrait donner lieu à un nouveau duel serré entre Pogacar et Vingegaard.
Et pourtant, l’issue de cette étape sera inattendu.
Dès les premiers kilomètres de son contre-la-montre, Jonas Vingegaard nous fait passer le message qu’il est venu ici pour remporter le Tour de France une deuxième fois de suite. Dès le premier intermédiaire, le maillot jaune passe en tête avec une avance de 17 secondes sur un Tadej Pogacar parti lui aussi très rapidement.
Ensuite, le Danois avale les virages de la descente de Passy à une vitesse phénoménale, en prenant des gros risques. Dans la portion plate précédant la montée finale, malgré son faible poids mais grâce à une position très aérodynamique, il creuse encore l’écart par rapport au maillot blanc.
Vient alors le pied de la fameuse Côte de Domancy. Contrairement à Tadej Pogacar, qui opte pour son vélo de montagne plus léger, Jonas Vingegaard décide de garder son vélo de chrono. Un choix judicieux, car malgré le poids de son Cervélo P5, le grimpeur danois avale les 2 500 mètres à 9,4% de la côte de Domancy à une vitesse stratosphérique.
Au deuxième intermédiaire, lieu du sommet de la Côte de Domancy, Vingegaard compte désormais 1min5sec d’avance sur Tadej Pogacar. Un gouffre déjà énorme qui ne va faire que s’accentuer. Dans la dernière partie de la montée finale, Jonas Vingegaard se remet dans sa position aéro et la maintient jusqu’au bout.
A l’arrivée, le maillot jaune s’impose en 32 minutes et 36 secondes, devant Tadej Pogacar (à 1 min 38 sec) et son coéquipier belge Wout van Aert (à 2min51 sec). Une performance monumentale qui permet à son auteur d’accentuer son avance au classement général et de s’envoler vers une deuxième victoire au Tour de France.
Une performance historique et des interrogations
Laurent Jalabert : Stratosphérique ! Il est énorme le Danois !
Alexandre Pasteur : Mésosphérique ! Il est monstrueux le Danois, le tenant du titre !
Laurent Jalabert et Alexandre Pasteur lors de la 16e étape du Tour de France, vers 12min06.
Les commentateurs Alexandre Pasteur et Laurent Jalabert, d’habitude mesurés dans leurs propos sur France Télévisions, ont sorti les plus forts superlatifs pour qualifier la contre-la-montre de Jonas Vingegaard.
Des superlatifs bien placés, puisque le désormais double vainqueur du Tour de France a réalisé l’une des plus grandes performances de tous les temps. le Danois a même confié quelques minutes plus tard aux micros de France.tv être incrédule de la puissance qu’il produisait lors de son contre-la-montre :
Jonas Vingegaard lors de son interview après la 16e étape du Tour de France.
Les écarts entre Vingegaard et le reste du peloton sont irrationnels, et les chiffres viennent confirmer la domination absurde du Danois sur ce contre-la-montre. En 22,4 kilomètres de chrono, Jonas Vingegaard a relégué Tadej Pogacar à 98 secondes, soit 4,38s/km.
Il s’agit du plus grand écart au kilomètre entre le premier et le deuxième au Tour de France depuis la victoire de Federico Bahamontes en 1962. Cette année-là, sur les pentes de Superbagnères, le défunt grimpeur espagnol avait collé 1 minute et 25 secondes à son dauphin belge Joseph Planckert en 18,5 kilomètres de course, soit 4,96 s/km.
Sur son coéquipier Wout van Aert, troisième de l’étape, il y a un écart de 171 secondes (+2min51), soit 7,63 s/km. Seule la performance de Bahamontes en 1959 au Puy de Dôme surpasse ce chiffre puisque sur 12 kilomètres, l’Aigle de Tolède avait relégué le Français Henry Anglade à 3 minutes, soit 15 s/km.
Jamais Eddy Merckx, Lance Armstrong, ou encore Miguel Indurain n’ont remporté leurs chronos avec un tel écart. Cet exploit physique de Jonas Vingegaard est d’autant plus irrationnelle qu’elle intervient dans un cyclisme de plus en plus professionnalisé, où le niveau devient de plus en plus homogène entre les équipes et entre les coureurs.
Et cette performance est de plus en plus folle si nous tenons compte du passé de Vingegaard chez les espoirs. Certes, le Danois avait remporté le prologue en côte du Giro Ciclistico della Valle d’Aosta Mont Blanc en 2018, laissant présager un futur de bon grimpeur, mais jamais une trajectoire similaire à celle dont il surfe depuis 3 ans, avec deux Tour de France et des performance monstrueuses.
Le contre-la-montre de Jonas Vingegaard ne laisse personne indifférent, et rallume les suspicions de dopage à un niveau rarement atteint. Partout, dans les articles de presse, les forums vélo, les réseaux sociaux, règne cette suspicion, où la majorité des suiveurs de cyclisme questionne la probité du coureur danois de la Jumbo-Visma.
Une performance qui restera quoi qu’il arrive, dans l’histoire du Tour de France.