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Ben O’Connor, De Perth au podium du Tour ?

by Maxime Seveno
Ben O'Connor, avant le début de saison. Photo : Vincent Curutchet

En 2022, à l’aube du 109ème Tour de France, l’équipe française AG2R Citroën Team vient avec l’ambition d’un podium au classement général. Malgré le départ de Romain Bardet fin 2020, la formation de Vincent Lavenu a vite retrouvé ses ambitions pour briller au classement général de la Grande Boucle, grâce à la présence depuis 2021 d’un coureur australien natif de Perth : Ben O’Connor.

Il commence le cyclisme à 17 ans

Ben O’Connor n’a pas été un de ces coureurs talentueux qui ont dominé leurs années juniors. Il en est rien. En effet, ce dernier revient de loin. Le natif de Perth, après avoir été un bon coureur de demi-fond durant son adolescence, débute son histoire avec le vélo très tardivement en 2013, à l’âge de 17 ans. Le jeune O’Connor affiche déjà un certain talent, en s’imposant sur plusieurs critériums. Il est alors déniché par un entraîneur reconnu en Australie, un certain Wayne Evans. Ce dernier est impressionné par le talent, le moteur de Ben, lorsqu’il le voit pour la première fois à l’occasion d’un contre-la-montre :

« Il n’avait pas de roue spécifique de contre-la-montre, pas de prolongateurs, rien. Il a réalisé un temps de 56 minutes et ce fut pour la première fois que je l’avais remarqué. Je me suis dit : « Wow mais qui est ce gars ? », il sort de nulle part et vient de réaliser un chrono de 56 minutes avec aucun équipement adapté au contre-la-montre ».

Wayne Evans, racontant sa première rencontre avec Ben O’Connor.
Photo : Yves Perret

Suite à cette cette rencontre, Ben O’Connor, en tant qu’amateur, rejoint l’équipe réserve de la formation Satalyst-Giant Racing Team en 2014. Démontrant un gros potentiel, il rejoint l’équipe première l’année suivante. Il entre ainsi dans le monde du cyclisme professionnel à 20 ans.

Un espoir du cyclisme australien.

En 2015, pour ses débuts professionnels avec la formation australienne Navitas Satalyst Racing Team, Ben O’Connor va faire quelques bons résultats, dont une 17ème place au Tour des Philippines et une 16ème place au classement général du Tour of Qinghai Lake. Une année correcte, où l’Australien affiche des qualités évidentes en montagne. Des qualités qu’il va confirmer l’année suivante. En effet, durant cette année 2016, le natif de Perth va se révéler, en remportant le New Zealand Cycle Classic, grâce à sa victoire dans l’étape reine, au sommet de l’Admiral Hill.

Il se classe également troisième du Tour de Taiwan mais aussi du Tour de Savoie Mont Blanc, juste derrière les grands espoirs du cyclisme qu’étaient Tao Geoghegan Hart et Enric Mas. Ses résultats très prometteurs, et son potentiel attirent l’attention de certaines équipes World Tour, dont l’équipe sud-africaine Dimension Data. Ben O’Connor signera avec cette équipe fin 2016. A 21 ans, ce dernier intègre alors l’élite du cyclisme. Il va par la suite y réaliser une saison de transition, découvrant certaines des plus grandes classiques, dont La Flèche Wallonne, et La Doyenne des Classiques. Il remporte une victoire, lors du Tour d’Autriche qu’il terminera à la 5ème place au classement général, et se classe 20ème du Tour de Pologne.

En 2018, progressant d’année en année, Ben O’Connor va se mesurer pour la première fois aux plus grands grimpeurs de son époque. En effet, après s’être classé 11ème du relevé Tour de Catalogne, il va réaliser un très gros Tour des Alpes. Il terminera 7ème du classement général, et remportera la troisième étape, au nez et à la barbe des futurs favoris du Giro, dont Thibaut Pinot, ou encore Chris Froome.

la troisième étape du Tour des Alpes 2018, remportée par un jeune Ben O’Connor. Photo : Tour of the Alps/Pentaphoto.

Le Tour d’Italie, justement qui va suivre le Tour des Alpes quelques semaines plus tard, sera le premier Grand Tour disputé par Ben O’Connor. L’Australien, inexpérimenté en la matière, va s’accrocher dans les étapes de montagne, se classant 12ème du classement général au soir de la 18ème étape. Mais le lendemain, durant l’étape suivante, il se fracture la clavicule à la descente du Col de Sestrières. Tour d’Italie terminé pour Ben O’Connor.

Une traversée du désert (fin 2018-2019).

 Quelques mois après sa fracture de la clavicule, Ben O’Connor revient à la fin de saison, à l’occasion du Tour de Wallonie. Néanmoins, il fera des résultats beaucoup moins bons qu’en printemps 2018, la terminant par un abandon sur le Tour de Lombardie.

L’année 2019 qui suivit sera un véritable chemin de croix pour l’Australien. Il multiplie alors les contre-performances et ne confirme pas son talent entrevu lors de la première partie de 2018. Lors du Giro, il termine à une poussive 32ème place, dont son meilleur résultat d’étape est une 17ème place du contre-la-montre de la 9ème étape dominée par Primoz Roglic. Lors de son premier Tour d’Espagne, il ne fait guère mieux. Il terminera 25ème au classement général, avec comme seul résultat probant une 6ème place acquise lors de la 15ème étape, menant au sommet du Santuario del Acebo, derrière d’autres grimpeurs éliminés comme lui de la course au maillot Rouge.

Dépassé physiquement et mentalement, il confiera plus tard avoir vécu une période difficile sur le plan psychologique, qui l’a même poussé à envisager une fin de carrière à tout juste 24 ans !

 

« Sur cette Vuelta j’ai vraiment détesté le cyclisme. La première semaine de course a été ma pire depuis que je fais du vélo. Je me suis même dit  »je ferais peut-être mieux d’arrêter si ça ne va pas mieux l’an prochain ». »

Propos de Ben O’Connor rapportés par Cyclingnews, et traduits par le Dauphiné Libéré

Le retour au haut niveau, et même mieux !

Après une année 2019 très difficile, Ben O’Connor va à partir de l’année suivante se relever et faire preuve d’un mental de champion. Il réalise un début d’année 2020 correct, en remportant en baroudeur l’étape reine de l’Etoile de Bessèges, au sommet du Mont Bouquet. Cette victoire est le premier signe de son retour au premier plan, et malgré l’arrêt des compétitions sportives due à la pandémie du Covid-19, il aborde sa carrière avec plus de confiance. Durant le retour des courses fin juillet, O’Connor effectue une rentrée timide au Tour de Burgos, puis existe peu au Critérium du Dauphiné. Il enchaîne ensuite par le Tour d’Italie, son grand objectif de la saison.

C’est lors de la troisième participation à ce Grand Tour qu’il va afficher son retour au haut niveau. En effet, l’australien va impressionner les observateurs lors de la troisième semaine : après s’être classé 2ème de la 16ème étape, battu au sprint par Jan Tratnik, il distance ses compagnons d’échappé lors de l’étape suivante, durant l’ascension de la Madonna di Campiglio, et remporte sa première victoire dans un Grand Tour. Il enchaîne les bons résultats par une 15ème place aux Laghi di Cancano, après avoir impressionné dans le Col du Stelvio, et une autre 15ème place à Sestrières. Ce Tour d’Italie, qu’il termine à la 20ème place au classement général, relance une carrière qui était jusqu’alors mal embarquée.

Ben O’Connor célèbre sa victoire lors de la 17ème étape du Giro 2021. Photo : @gettyimages.

Ses performances lors du Giro 2020 ont ouvert les yeux de la formation française AG2R Citroën Team, qui le signe pour un an dans un premier temps. Il quitte l’équipe NTT après 4 saisons de bons et loyaux services.

En 2021, Ben O’Connor continue sa marche en-avant, et montre un potentiel de coureur de classement général : 12ème à Paris Nice, 6ème du Tour de Romandie, avec une deuxième place lors de l’étape reine menant à Thyon 2000, et 8ème d’un Critérium plutôt relevé. Il se présente au départ de son premier Tour de France avec le sourire et la confiance. Mais la première semaine va le remettre les pieds sur Terre : il réalise une première semaine difficile en raison d’une chute lors de la première étape. Il se rend compte alors de la difficulté de la plus grande course du monde :

« La Première semaine était pour moi une plutôt mauvaise expérience. J’avais des points de sutures, je pensais que ma course était terminée après la première journée. J’ai réalisé à quel point le Tour était une expérience brutale ».

Ben O’Connor lors de son interview chez Eurosport en Mars 2022

Mais O’Connor ne se décourage pas. Il brille dans les Alpes et remporte magistralement la 9ème étape, où il célèbre sur la ligne à Tignes avec 5 minutes d’avance sur le second, l’Italien Mattia Cattaneo. Un exploit qui lui permet de remonter à la deuxième place au classement général, derrière l’intouchable Tadej Pogačar. Ben O’Connor va ensuite résister aux prochaines étapes montagneuses de ce Tour et faire une bonne impression dans les Pyrénées, en se classant 5ème de l’étape menant au Col du Portet.

Il termine le Tour au pied du podium, derrière Pogačar, Vingegaard et Carapaz. L’Australien montre pour la première fois à 25 ans qu’il est un coureur de Grand Tour. Fatigué de son impressionnant Tour de France, Ben O’Connor fera par la suite des résultats moins bons. Il terminera sa saison par un abandon sur le Tour d’Emilie.

Ben O’Connor en route pour s’imposer à Tignes. Photo : Guillaume Horcajuello.

Un coureur respecté et apprécié par ses pairs.

A 26 ans, Ben O’Connor est devenu un cador du cyclisme mondial. Il a changé de dimension grâce à ses performances durant son premier Tour de France, et il en est conscient :

« Je pense que le regard du peloton a aussi changé vis-à-vis de moi. Je pense que les coureurs me respectent maintenant et reconnaissent mon travail. ».

Ben O’Connor, interviewé par Manuel Martinez du quotidien sportif l’Equipe

Un coureur respecté et surtout apprécié par ses coéquipiers. En effet, l’australien est très bien intégré au sein de la formation AG2R Citroën Team, dont son attirance pour le patrimoine et la gastronomie françaises a été pour quelque chose. Les directeurs sportifs de l’équipe française louent ses qualités, dont Julien Jurdie, qui illustre à merveille l’impact positif de Ben au sein de l’équipe :

« Il apporte son sourire, sa décontraction, son professionnalisme. Tous ces éléments, toutes ces valeurs qui sont chères à l’équipe. Cette détermination à se battre, à ne jamais rien lâcher, etc… Je pense que l’année dernière, sur les routes du Tour, ce mental hors-norme… Ben l’a démontré. »

Julien Jurdie loue les qualités de son coureur.
Ben O’Connor souffre aux côtés du champion olympique Richard Carapaz. Photo : E. Garnier, de l’Equipe

Peut-il être sur le podium du Tour ?

En 2022, après avoir passé un hiver rigoureux et « studieux », Ben O’Connor veut prouver qu’il fait définitivement partie de l’élite des grimpeurs du World Tour, et que sa 4ème place au Tour de France 2021 n’était pas un accident. Il voulait tout d’abord gagner une étape en patron dans une course WorldTour. C’est ce qu’il fera, en remportant la 3ème étape du Tour de Catalogne qu’il terminera 5ème, au sommet de la Molina. O’Connor se classera ensuite 5ème du Tour de Romandie.

Mais sa plus forte impression restera le Critérium du Dauphiné, qu’il dispute pour la quatrième fois. Revenu très en forme d’un stage en altitude dans la Sierra Nevada, il affichera un énorme niveau en montagne, qu’il n’avait auparavant jamais eu, et sera le seul coureur à se rapprocher du duo intouchable de la Jumbo-Visma : Roglic et Vingegaard.  3ème  des favoris à Vaujany, en cédant seulement 2 secondes à Vingegaard, l’australien confirmera sa forme du moment, lorsqu’il cèdera seulement 15 secondes à ces deux coureurs, durant l’ascension du Plateau de Solaison. Deux énormes performances qui lui permettront de se classer 3ème du Dauphiné, à quelques semaines du Tour de France.

A 26 ans, Ben O’Connor n’a jamais été aussi fort et n’a probablement pas exploité tout son potentiel. Le 1er Juillet prochain, il se présentera bien dans les rues de Copenhague en tant que prétendant à un podium, dans la plus grande course du monde. Certes, il affrontera le double vainqueur sortant du Tour, Tadej Pogačar, et le duo de la formation jaune et noire dirigée par Richard Plugge. Ces trois coureurs lui sont clairement supérieurs. Il affrontera également d’autres « outsiders » à sa mesure, comme Aleksandr Vlasov ou Geraint Thomas. Mais le Tour peut donner lieu à des surprises comme on en a connues dans le passé.

Ben O’Connor, entre les deux favoris de la Jumbo-Visma lors de l’étape de Vaujany. Photo : @gettyimages

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