Ce Samedi 8 Octobre 2022, Tadej Pogačar a écrit une nouvelle page de sa carrière d’ores-et-déjà si impressionnant. Le Slovène de 24 ans a remporté son deuxième Tour de Lombardie consécutif, après avoir battu Enric Mas au sprint, au terme d’un duel haletant.
Mikel Landa quant à lui termine sur la troisième marche du podium, à 10 secondes de ce duo intouchable. La victoire de Pogačar, son troisième monument jusque-là, était inévitable, tant la course a été dominée collectivement par l’armada impressionnante de la Team UAE, qu’individuellement par le Slovène.
Une armada UAE impressionnante
Si Pogačar réalise le premier doublé au Tour de Lombardie depuis Joaquim « Purito » Rodriguez (2012-2013), c’est grâce à sa supériorité physique sur les autres coureurs. Mais le Slovène a dû compter sur une équipe UAE exceptionnelle pour remporter son troisième monument.
Ses coéquipiers ont été impressionnants et ont dominé collectivement les autres formations, dont la Jumbo-Visma.
Tout d’abord, la formation de Tadej Pogačar, sachant leur leader dans une grande forme, accélère dans les dernières pentes du Madonna del Ghisallo. A plus de 60 kilomètres, le Portugais Joao Almeida, dans la photo ci-dessus, monte à un rythme très élevé, qui fait même craquer certains outsiders, dont Julian Alaphilippe.
Après le Madonna del Ghisallo, l’équipe UAE a contrôlé la descente précédant la première ascension de la San Fermo della Battaglia. Au pied de la bosse, George Bennett, puis Marc Hirschi impriment un tempo élevé, dans le but d’user les adversaires du Slovène et de contrôler la course.
Durant les kilomètres de plat précédant l’ascension du Civiglio, la formation émiratie eut l’intelligence de ne pas présumer une grande partie de ses forces en laissant la BORA – Hansgrohe rouler jusqu’au pied de l’ascension. Ensuite, après le travail de Wilco Keldermann pour la Bora – Hansgrohe, l’équipe UAE a repris les commandes de la course, avec le relais de Rafal Majka.
Ensuite, à 20 kilomètres de l’arrivée, un impressionnant Davide Formolo se met à imprimer un rythme très impressionnant, qui met en orbite son leader Slovène.
Un leader Slovène qui a répondu présent au moment où il fallait le faire. Dauphin du dernier Tour de France en Juillet dernier, pas très bon lors des Championnats du monde à Wollongong, Tadej Pogačar voulait enfin s’offrir un succès majeur pour bien clôturer une année un peu frustrante par moments.
Dans le Civiglio et le San Fermo della Battaglia, il s’est montré impérial, répondant aux attaques puissantes d’Enric Mas. A l’arrivée, étant un sprinteur anormalement bon pour le grimpeur qu’il est, il remporte le sprint sans trembler contre son adversaire du jour. A 24 ans, le natif de Komenda compte déjà 3 monuments à sa collection de victoires. Monumental.
La formation UAE Team Emirates a réalisé au final une course parfaite. Elle s’est montrée supérieure au reste du peloton et a mélangé supériorité physique, intelligence et gestion parfaite des égos durant les 60 derniers kilomètres.
Mas a tout tenté, mais est tombé sur un Pogačar trop fort
Enric Mas a été très impressionnant ce samedi après-midi. L’Espagnol, deuxième du Tour d’Espagne en Septembre, a tenu à son rang de favori et a réalisé l’une des plus belles courses de sa carrière. Il a juste été tombé sur un Tadej Pogačar intouchable. Ce n’est pas faute d’avoir essayé.
En effet, le natif d’Artà a essayé à plusieurs reprises de déstabiliser son concurrent de 3 ans son cadet. A 18,4 kilomètres de l’arrivée, Mas attaque une première fois dans le Civiglio, mais le Slovène répond et essaie même de le contrer, sans succès.
Ensuite, dans la dernière ascension de la San Fermo della Battaglia, Mas a retenté sa chance deux fois. Ces accélérations à 6 et 5 kilomètres de l’arrivée font distancer Mikel Landa, revenu dans la descente du Civiglio. Mais face à l’ancien double vainqueur du Tour de France, rien n’y fait.
A l’arrivée, Pogačar, très bon sprinteur, règle facilement le sprint face à Mas. Cruel pour l’Espagnol de 27 ans. Devant les micros des journalistes, il est tout de même satisfait de sa performance, tout en pensant à son coéquipier Alejandro Valverde, qui met un terme à son immense carrière :
Enric Mas, durant l’interview d’après-course.
les contre-performances : une Jumbo-Visma impuissante
Ce samedi, la formation Néerlandaise Jumbo-Visma ne s’est classé au mieux qu’à la 16ème position, celle de Jonas Vingegaard. Si dominatrice lors du 109ème Tour de France en Juillet dernier, l’équipe menée par Richard Plugge s’est montrée impuissante face à l’équipe UAE Team Emirates de Tadej Pogačar.
Certes, il est évident que la startlist dans ce Tour de Lombardie n’était pas la même que durant la dernière Grande Boucle. Néanmoins, l’équipe comptait le récent vainqueur du Tour de France, Jonas Vingegaard. Ce dernier avait effectué un bon retour lors du Tour de Croatie, avec deux victoires d’étapes sur des arrivées pour puncheurs.
La formation Néerlandaise a essayé de contrôler la situation, en roulant à l’avant dès les premiers kilomètres du Madonna del Ghisallo. Mais les coéquipiers de Vingegaard ont disparu des projecteurs par la suite.
Dans le Civiglio, Vingegaard a été distancé par le rythme asphyxiant de Davide Formolo. Enfin, dans le San Fermo della Battaglia, il a été décramponné par Romain Bardet. Une journée à oublier pour la Jumbo-Visma et le Danois.
Adam Yates a lui aussi réalisé une performance en-dessous des attentes. le coureur britannique de la formation INEOS Grenadiers, excellent grimpeur et très bon puncheur, était l’un des favoris du Giro di Lombardia. Impressionnant durant le Grand Prix de Montréal, il l’a été un peu moins en Italie. Distancé par Pogačar dans le Civiglio, le frère de Simon terminera 10ème à l’arrivée.
Julian Alaphilippe, quant à lui, n’a pas été au rendez-vous. Le Français, en difficulté dès le Madonna del Ghisallo, était dans l’incapacité de jouer les premières places. Ensuite, il a réalisé l’effort de placer ses coéquipiers au pied du Civiglio, en tant qu’équipier modèle.
Au final, Cette 51ème place à l’arrivée clôture une année très difficile, marquée par les maladies et les chutes malencontreuses.
Bilan Français : tiède, malgré quelques éclats
Dans cette édition 2022 du Tour de Lombardie, les Français ont été ni mauvais, ni très bons. Certes, deux Français se sont classés dans le top 10 du Tour de Lombardie (Molard et Bardet). Même si Molard et Bardet n’avait pas les jambes pour la victoire et le podium, ces derniers ont réalisé une course honorable.
Rudy Molard réalise son meilleur résultat sur un monument, avec une huitième place. Bardet, quant à lui, a attaqué dans le Civiglio et dans le San Fermo della Battaglia. L’Auvergnat a même lâché Jonas Vingegaard dans la dernière ascension et se classe 9ème, juste derrière Molard.
Outre la performance d’Alaphilippe, à noter la 12ème place de Warren Barguil, et la très belle 14ème place de Clément Berthet, qui termine sa deuxième année professionnelle avec la formation AG2R Citroën Team.
Jubilé heureux pour Valverde, Nibali, un peu moins pour Nieve
Ce Tour de Lombardie signe la fin d’une longue aventure pour trois coureurs ayant marqué le cyclisme de leurs empreintes : Mikel Nieve, mais surtout Alejandro Valverde et Vincenzo Nibali.
Pour El imbatido, sa dernière participation à cette course qu’il n’a jamais gagné signe la fin d’une carrière immense. Il a accumulé en 20 ans de carrière plus de 130 victoires, dont une Vuelta en 2010 et quatre Liège-Bastogne-Liège (2006, 2008, 2015, 2017) à son actif. Le coureur murcian de 42 ans a réalisé une course honorable, en se classant 6ème de sa dernière course chez les pros.
Vincenzo Nibali, double vainqueur de cette course mythique en 2015 et 2017, n’a plus le niveau qu’il affichait quelques années plus tôt. Il n’est néanmoins battu jusqu’au bout et termine 24ème. Il signe la fin d’une carrière exceptionnelle, marquée par des victoires mythiques. Le requin de Messine a notamment remporté le Giro à deux reprises (2013, 2016), le Tour d’Espagne (2010), mais surtout le Tour de France en 2014.
Mikel Nieve, a eu quant-à-lui eu une carrière honorable : 5 victoires en carrière, et 8ème de la Vuelta en 2015. Ce samedi après-midi, le coureur Espagnol n’a pas pu franchir la ligne d’arrivée. En effet, victime d’une chute durant le début de la course, il est contraint à l’abandon et souffre de multiples blessures.
Une fin de carrière un peu difficile pour ce coureur apprécié du public, pour ses qualités de grimpeurs et son caractère offensif.
