La saison 2023 se lançant progressivement, nous sommes allés à la rencontre d’une pépite africaine qui sort d’une saison en espoir plutôt aboutie. Welay Hagos Berhe nous présente son parcours et ses perspectives prochaines avant sa rentrée demain du coté de Valence avec sa nouvelle équipe, la team Jayco AlUla.
La naissance d’une passion
Cycling Times : Bonjour Welay, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Welay Berhe : Salut, je me nomme Hagos Welay et j’ai 21 ans. Je suis éthiopien et je viens de la région du Tigrée mais je vis actuellement en Suisse.
CT : Tu viens d’un pays où il n’est pas forcément facile de percer dans ce sport. Quand as-tu découvert le vélo ? Comment décris-tu ton parcours ?
WB : Durant mon adolescence je cumulais deux emplois dans mon pays natal : je nettoyais des chaussures pendant la journée et je faisais du pain la nuit. J’ai eu mon premier vélo en 2017 que j’ai loué avant de pouvoir l’acheter plus tard, quand j’avais collecté assez d’argent. Regarder le Tour de France à la télévision était une motivation. Surtout voir Chris Froome gagner plusieurs fois, lui le Kenyan blanc, un symbole évident dans la région depuis ma ville Mekelle. J’ai dit vouloir être comme Chris Froome et c’est là que mon rêve a commencé et que j’ai fixé mon programme d’entraînements tôt le matin, car le reste de ma journée, j’étais déjà très occupé à cause du travail.
CT : Tu as remporté de belles courses nationales et continentales quand tu étais en junior. Tu faisais déjà exclusivement du vélo à cette époque ? Ces victoires ont-elles ajouté à tes ambitions ?
WB : Ma pratique du vélo n’était pas totale car il me fallait toujours travailler à coté. Mais il est évident que ces succès ont ajouté à ma motivation et aussi j’ai commencé à beaucoup croire en moi malgré l’absence d’opportunité évidente.
Les difficultés suite à son passage en Europe
CT : La suite de l’aventure s’est déroulée du côté du Centre Mondial du Cyclisme (CMC) en même temps que la recrudescence du Covid-19. Cela explique-t-il que tu n’aies pas roulé avec la structure ?
WB : Malheureusement en 2020, le COVID-19 a en effet causé le fait je n’ai pas pu faire de courses. En plus, à la reprise estivale, j’avais prévu de faire le Tour de l’Avenir et les championnats du monde espoirs qui n’ont finalement pas eu lieu en raison de la pandémie.
CT : A ton avis, quel est le rôle de ce centre pour les coureurs (comme toi) qui n’ont pas de grandes opportunités contrairement aux jeunes européens ?
WB : La majeure partie des compétitions ayant lieu en Europe, le CMC est vraiment un support important pour ce qui est de l’adaptation des coureurs sous tropiques et de pouvoir effectuer des courses que nos fédérations ne sont pas forcément capables de nous offrir.
CT : En 2021 tu signes du côte d’EF Education-Nippo Development mais sans participer aux courses avec l’équipe. Était-ce une phase difficile de ta carrière ?
WB : Oui, c’était le moment des soucis dans ma vie récente car en plus de ne pas pouvoir courir je n’avais pas de contact familial. En raison de la guerre au Tigré, je n’ai toujours pas de nouvelles mais je vais mieux maintenant et je cours. J’apprécie vraiment le fait que Marcelo Albasini soit tout le temps à mes côtés encore maintenant, comme un père.
CT : La saison passée, tu restes avec la structure américaine et là, tu fais une saison très réussie. T’es-tu surpris toi-même ? Laquelle de tes performances se démarque selon toi ?
WB : Oui, c’était assez bon mais je dirais que les plus grandes surprises sont en cours de route. L’année passée, j’ai été plutôt constant mais deux courses italiennes ressortent du lot à savoir le Giro D’Aosta et le Piccolo Lombardia où j’étais dans le groupe vainqueur notamment.
L’évidente excitation de courir en WT
CT : Tu es récompensé par un contrat professionnel avec l’équipe Jayco AlUla. Comment abordes-tu ce challenge ? Avoir un contrat de 3 ans te permet-il d’être plus serein par la suite ?
WB : Oui c’est une excellente récompense car je me bats pour cela depuis fort longtemps. Dans la mesure où les néo-pro n’ont généralement que deux ans de contrat, c’est clair que c’est super pour moi et maintenant il va falloir travailler encore plus dur.
CT : Tu rejoindras un compatriote, à savoir Tsagbu Grmay, grande figure du cyclisme éthiopien. Ne sera-t-il pas un mentor naturel pour toi cette année ? N’est-ce pas le moyen idéal pour débuter dans le monde professionnel ?
WB : Clairement, je ne pouvais pas souhaiter mieux que d’avoir un tel coureur qui m’aidera avec certaines réalités du monde professionnel. Paradoxalement, on vient juste de faire connaissance et c’est pas mal positif.
CT : Votre premier camp d’entraînement a eu lieu en décembre en Espagne. Comment mesures-tu l’ambiance dans l’équipe ?
WB : Oui tout s’est bien passé et j’ai pu rencontrer les coureurs et le personnel. Le cadre est établi pour bien travailler et je commencerai ma saison sur la classique de la communauté de Valence .
CT : Comment juges-tu le développement du cyclisme dans ton pays qui malheureusement ne participe plus au Tour du Rwanda par exemple ? (Nous souhaitons que la paix revienne au Tigré)
WB : Avec la guerre c’est bien compliqué de voir les fédérations sportives exister, surtout le cyclisme, qui n’est pas forcément roi en Afrique. Néanmoins il y a par exemple Kiya Rogoria qui a eu un contrat avec EF Education-Nippo Development team. Il est aussi passé par le Centre Mondial du Cyclisme.
CT : Peut-on dire que les routes suisses n’ont plus de secrets pour toi vu le nombre de KOM que tu as fixé ? Quelle est ton ascension préférée ?
WB : Il y a quand même pas mal à découvrir encore mais Morcles-Torgon demeurent parmi mes préférés.
Un grand merci à Welay Berhe pour l’exercice. Nous lui souhaitons une grande réussite pour la suite.
2 comments
Wahou ? on vous souhaite plein succès de succès pour la suite monsieur WELAY ! On espère un jour participer à une de vos courses. Très bel INTERVIEW
Merci beaucoup ☺️