Benjamin Thomas, 27 ans, est sextuple champion d’Europe et double Champion du Monde de cyclisme sur piste. Il est également membre de l’équipe Cofidis sur route. Prenant une importance croissante au sein du peloton, nous avons réalisé un long entretien avec lui à la veille du lancement de sa 9ème saison en tant que cycliste professionnel.
Dans cette première partie d’entretien, le coureur de Cofidis nous parle de la saison à venir et de ses objectifs.
Cycling Times : Bonjour Benjamin, tu fais ta rentrée sur le Grand Prix La Marseillaise. Que vises-tu sur cette course ?
Benjamin Thomas : Ce sera particulier parce que La Marseillaise c’est la rentrée des classes. On est toujours dans l’attente de savoir comment va répondre le physique sur une course exigeante avec du dénivelé. Plus de quatre heures et demie de course. C’est un premier choc pour les organismes. Et c’est l’interrogation de savoir comment on va y arriver. Comment on va finir surtout. Donc je ne vise rien en particulier si ce n’est d’essayer de suivre les meilleurs. Et je pense que de jouer ma carte au sprint à petit groupe est ma meilleure chance.
C.T. : Tu participes à l’Etoile de Bessèges, l’objectif est de conserver ton titre ?
B. T. : Conserver le Général de Bessèges, n’est pas forcément un objectif, pour deux raisons. Cette année, je me suis fixé des objectifs un peu plus lointains dans la saison, notamment au mois de mars avec Paris-Nice et Milan-San Remo. Donc je n’ai pas forcément la pression de vouloir gagner l’Étoile de Bessèges.
Et puis deuxièmement, c’est la conséquence de ma première raison. Je devrais avoir un pic de forme au mois de mars, donc ça serait plus logique de démarrer Bessèges. […] L’an dernier, j’arrivais tout de suite. J’avais envie de tout de suite faire des résultats et la forme était déjà à 100 % dès les premières courses.
Là, ça va un peu plus se voir où j’en suis dans ma préparation, dans ma condition et j’aurais plus un objectif sur le chrono. Je pense que j’aimerais bien faire. Mais après, je m’attends à perdre un peu plus de temps que l’an dernier, notamment sur l’arrivée au sommet du Mont Bouquet.
C.T. : En octobre 2021, tu annonçais dans l’émission Bistrot Vélo sur Eurosport vouloir viser une bonne place au classement général d’une course d’une semaine. Est-ce que performer au Général sera un objectif pour Paris-Nice ?
B. T. : Oh non, dans le plaisir. Le Paris-Nice sera pour Ion Izagirre. Ce sera notre notre leader.
Et après, moi. C’est vrai qu’en World Tour, j’aimerais bien m’essayer sur une course d’une semaine. Après, faut que le profil corresponde. Et cette année, c’est compliqué de trouver une course qui corresponde. Ou c’est trop montagneux ou ça ne tombe pas bien pendant la saison. Donc pourquoi pas l’année prochaine en fonction des courses. Plus une course comme Tirreno-Adriatico.
En course d’une semaine, je ferai normalement les Quatre Jours de Dunkerque. Mais ce n’est pas du niveau World Tour, donc ce sera pour moi. Notre objectif cette année, c’est de bien faire ces Quatre Jours de Dunkerque pour confirmer sur une semaine de course. Il y aura un contre-la-montre en plus, donc c’est pour ça que ça devait être un objectif.
C.T. : Tu es annoncé aussi sur Milan-San Remo. Tu l’as dis de but en blanc, c’est un objectif pour toi. Est ce que tu penses être capable de gagner ?
B. T. : Il ne faut pas se fixer de limites. Il y a certains coureurs qui l’ont gagné et qui ne s’attendaient pas forcément à la gagner au matin de la course. C’est le monument le plus ouvert.
Ça se joue vraiment au placement et à la résistance. C’est une course assez longue. Et après, l’objectif, ce sera de montrer une équipe solide. C’est un objectif personnel mais aussi collectif. C’est-à-dire que l’objectif sera de faire la meilleure place possible avec le coureur le plus fort que ce soit moi ou un autre coureur de l’équipe.
On sera plusieurs à arriver en bonne forme sur cette course. Ce seront des décisions qui seront prises sur le sur le moment, dans le final. Mais c’est un objectif avant tout de l’équipe.
C.T. : Tu vas sur tes 28 ans. Est ce que tu penses avoir encore une marge de progression ou tu es déjà à ton “prime” ?
B. T. : Non, non, je pense que je progresse encore. J’espère progresser et continuer à progresser.
Cet hiver, j’ai encore progressé sur certaines valeurs de puissance, etc. Donc ça prouve que le physique continue à se développer et il y a toujours des choses à améliorer. Donc j’espère ne pas m’arrêter là. Et j’ai la chance d’avoir été assez assez préservé mes premières années pro.
Donc je n’ai pas non plus un physique qui est très très usé ou qui a été poussé dans le rouge quand j’étais jeune. Ça me permet de continuer à progresser tranquillement et gentiment.
C.T. : En regardant tes statistiques, on remarque que tu as beaucoup couru en Italie et en France ces dernières années. C’est une stratégie de l’équipe, de t’envoyer là-bas plutôt qu’en Belgique ou aux Pays-Bas ?
B. T. : J’habite en Italie à la base. Ma compagne est italienne, donc j’habite en Italie depuis cinq ans et c’est pour ça que nous avons fait pas mal de courses en Italie.
Mais c’est une stratégie. Je ne suis pas fan du temps belge, de la pluie, du froid ou des classiques.
J’ai plus de profil adapté à courir dans le sud de la France ou en Italie, dans des régions où il fait un peu plus chaud.
C.T. : Est ce que tu pourrais nous faire un résumé de tes prochains objectifs ?
B. T. : Mes prochains objectifs, c’est d’une part au mois de Mars. Bien marcher sur un enchaînement de Paris-Nice et de San Remo. Après, Il y aura un gros objectif : le Tour de France au mois de juillet. Donc tout une approche avec des courses à étapes en France.
Un peu de pistes aussi pour entretenir mes qualités et le coup de pédale.
Sur la fin de saison, ce sera les Championnats du Monde sur piste qui seront à Glasgow au mois d’août. Et après ? On verra déjà quand ça sera fait.
A plus long terme, penser notamment aux Jeux Olympiques à Paris. Ce sera le gros objectif de l’année prochaine.
Dans la prochaine partie Benjamin Thomas nous parlera de ses deux disciplines, la route et la piste. Il fera un retour sur la saison passée mais aussi évoquera le gros objectif de sa carrière : les Jeux olympiques de Paris.
