Tout juste vainqueur d’une étape sur le Giro, Ben Healy est l’un des coureurs en vogue cette saison. A la manière de son compatriote Daniel Martin, Ben Healy pédale avec tout son corps. La tête penchée, les épaules se balançant, les jambes écrasant les pédales telles des pistons. Outre son style de pédalage atypique, l’Irlandais a marqué le début de saison par ses performances impressionnantes. S’agit-il de la naissance d’un grand champion ou d’une simple passe ?
Courir pour l’Irlande
Né en 2000 à Kingswinford en Angleterre d’un père Irlandais, Ben Healy a longtemps vécu sous bannière anglaise. Il choisit en 2016 de courir pour le pays de son père. Il devient rapidement l’un des grands espoirs de sa nation en brillant dans les courses classées 2.1 et sur les championnats nationaux que ce soit sur les contre-la-montre ou la course en ligne. Il compte (au 14/05/2023) 4 titres à son actif et 3 podiums toutes tranches d’âge confondues. C’est sans conteste le coureur irlandais le plus prometteur de sa génération.
Même si en 2018 il compte “seulement” un titre de Champion National, Le natif de Kingswinford découvre le monde des sélections nationales avant même d’être majeur. Pour sa première course à ce niveau, Ben Healy marque les esprits sur les routes du Tour de l’Avenir en levant les bras à Saint-Julien-Chapteuil au terme d’une étape accidentée pour le compte du Centre Mondial de Cyclisme. L’équipe d’Irlande ne participant pas à la course. Il devient alors le plus jeune vainqueur d’étape de l’histoire du Tour de l’Avenir. Plus tard dans la saison, il termine le Championnat du monde de contre-la-montre dans le top 15.
Lui qui faisait déjà partie de la Team Wiggins Le Col, ses bons résultats lui vaudront une place au sein de la Trinity Racing puis de monter en WorldTour en 2022 chez EF Education-EasyPost. C’est ici qu’il passera un cap et prendra sans tarder une place non négligeable au sein du peloton.
Courir pour soi
En intégrant la formation américaine, Ben Healy à franchi une étape dans la fastidieuse quête d’un grand palmarès. Sa première saison au plus haut niveau s’est cantonnée à un rôle de coéquipier. Qu’il a tenu avec brio. Il s’illustre tout de même en finissant aux portes du top 5 sur les Championnats d’Europe de l’effort individuel à Munich.
Bien qu’une saison cycliste se prépare des semaines avant son commencement, le 12 avril est la date qui fait passer le natif de Kingswinford dans une autre dimension. Il termine deuxième de la Flèche Brabançonne après un duel avec Dorian Godon. C’est à partir de cette date qu’il se révèle pour beaucoup de suiveurs. Il passe alors, à raison, parmi les outsiders pour les Ardennaises. Il ne fera pas mentir les suiveurs durant cette semaine. Pour preuve, il termine 2ème de l’Amstel Gold Race et 4ème de Liège-Bastogne-Liège après avoir joué le podium. Le Giro, même s’il n’est pas terminé, est dors et déjà une confirmation de son talent. Son étape remportée avec presque deux minutes d’avance avec plus de 50 km courus en solitaire sont une preuve de son punch, de ses qualités de rouleurs mais aussi de sa capacité à gérer son effort.
Grâce à ses talents certains dans les contre-la-montre et sur terrain vallonnés, nulle doute n’est permis quant à ses capacités dans les années à venir. Il apprécie quand la course est dure tant par les conditions météorologiques que par le profil de la course que par son scénario. Un coureur comme beaucoup les aiment. Outre que par ses capacités athlétiques, Ben Healy a la capacité d’emmener le spectateur dans sa course. Tant par son style de pédalage que par son faciès, il montre que le cyclisme est un sport de dur au mal.
Ses capacités intrinsèques pourraient lui permettre de lever les bras sur un Liège-Bastogne-Liège ou des Strade Bianche pluvieuses.
Du haut de ses 22 ans, Ben Healy a tout pour devenir un grand coureur. Il est probable qu’il remporte des monuments et de multiples étapes sur les Grands Tours. Ou sinon, pourquoi pas gagner une deuxième étape dès ce Tour d’Italie ?
