« Mikel Nieve ne passe plus les relais, Nicolas Roche non plus… Ça agace Fabio Aru, qui vient… Mais, attendez, Nairo Quintana vient de sortir du groupe de tête ! Rigoberto Uran laisse filer, la poursuite est désorganisée, nous ne sommes plus qu’à 2 km de l’arrivée désormais, et le colombien a fait le trou ! Il est parti, et… Oh la chute ! La chute ! Mikel Nieve l’a évitée de justesse ! Incroyable ! Mais il n’est plus dans le coup pour la victoire, alors que Primoz Roglic donne tout pour revenir, Fabio Aru lui aussi tente de relancer, mais la ligne est là maintenant, et Quintana va aller chercher une magnifique victoire d’étape, alors que le sprint est lancé derrière, et c’est Nicolas Roche qui prend la deuxième place, et qui s’empare du maillot rouge de leader ! »
Mais où sommes-nous ? Serait-ce le sommet de l’observatoire de Javalambre, à près de 2000 m d’altitude ? Ou l’arrivée à Cortals d’Encamp, pour la 9e étape ? Peut être s’agit il de l’Alto de la Cubilla, et ses 18km à 6%… Non ? Mais où Nairo Quintana aurait-il bien pu s’imposer ?
La performance paraît surréaliste, le scénario, irréalisable, et pourtant, c’est bien à Calpe, pour la 2e étape seulement, que Nairo Quintana est allé chercher ce succès marquant, devant les cadors de ce Tour d’Espagne. Une étape classée parmi les étapes de plaine, qui réussit à un pur grimpeur, voilà quelque chose d’intéressant. Le responsable ? L’Alto de Puig Llorenca, dernière difficulté du jour située à 25 km de l’arrivée, et qui a déclenché la première grande bataille de cette Vuelta. Alors que Pierre Latour, en recherche de sensations, tentait sa chance le premier en compagnie de Davide Formolo, c’est Alejandro Valverde en personne qui a fait exploser ce groupe des favoris, provoquant de nombreuses cassures et réduisant les prétendants à la victoire à une vingtaine d’hommes seulement. À peine le sommet franchi, plusieurs coureurs ont tenté de s’échapper, mais c’est finalement Primoz Roglic, accompagné de Fabio Aru, Rigoberto Uran et Nairo Quintana, qui a su saisir la bonne opportunité en suivant l’attaque de Nicolas Roche et Mikel Nieve. Les six hommes se sont relayés pour creuser un écart supérieur à 30 secondes, alors que Steven Kruijswijk, Jakob Fuglsang, mais aussi les Ineos étaient piégés à l’arrière, relégués à plus de deux minutes. La bonne entente à l’avant a disparu, et les six costauds du jour se sont battus pour nous offrir ce final d’anthologie, qui marque un premier tournant dans la lutte pour le maillot rouge.
Alors, que peut-on retenir de cette 2e étape, si riche d’enseignements ? La déroute de l’équipe Ineos ? La faiblesse de la formation Astana, obligeant Miguel Angel Lopez à rouler pour limiter les écarts ? Où encore la belle forme affichée par Pierre Latour ? Finalement, pas grand chose. Si nous en avons pris plein la vue, que certains ont perdu tout espoir de bien figurer au classement général, on ne peut pas vraiment établir une hiérarchie nette après cette journée. Primoz Roglic n’aura finalement fait qu’annuler la perte de temps de la veille sur le chrono par équipe, tout comme Fabio Aru. Nairo Quintana aura montré son tempérament offensif, tout comme Rigoberto Uran. Le plus important à retenir de cette étape reste peut être la redéfinition du leadership au sein des formations Jumbo Visma, Astana et Movistar, où il est clair désormais que seul un leader peut avoir sa place. Et, bien, sûr, que la Vuelta peut nous surprendre à n’importe quel moment. Une chose est sûre, on ne va pas s’ennuyer durant ces trois semaines !’