Alors qu’il s’était déjà confié à nous lorsqu’il était encore en junior, le jeune norvégien, Johannes, évoque avec ambition et audace sa transition vers le monde professionnel. Il partage sa vision pour cette nouvelle saison et esquisse les contours de son parcours avant de s’envoler vers le Moyen-Orient pour participer au Tour d’Oman, réputé pour ses montagnes imposantes.
Un départ dynamique et plein d’énergie.
CT : Félicitations pour tes premiers pas au sein de l’équipe professionnelle d’UNOX Mobility, Johannes ! Pourrais-tu nous faire part de tes premières impressions ?
JK : Les compétitions sont véritablement exigeantes. Ayant participé à de nombreuses courses professionnelles déjà l’année dernière, je suis familier à cet environnement. Cependant, le niveau de compétition est extrêmement élevé. Lorsque je pousse ma puissance au seuil fonctionnel à environ 90-95% lors d’une montée de taille relativement moyenne, c’est une véritable épreuve. Il y a constamment une centaine de coureurs présents, tous étant exceptionnellement performants. Pour faire la différence, il faut se résoudre à des accélérations intenses de 1 à 2 minutes, voire sur plusieurs ascensions ardues. Comparativement, chez les juniors et les espoirs, la disparité de niveau est significative. Lorsque les meilleurs attaquent, il ne reste souvent qu’une dizaine de coureurs en lice.
CT : Es-tu satisfait de tes premières sorties en 2024 à Majorque ? Que représente le fait d’avoir remporté le titre de meilleur jeune coureur lors de ta dernière manche ?
JK : Je suis satisfait de ma forme. Cette course m’a montré que j’avais fait un pas en avant. C’était vraiment cool de courir avec Tobias [Johannessen]. Le premier jour, il y avait si peu d’adhérence (temps pluvieux) que cela ressemblait un peu à un bingo, que l’on chute forcément à un moment donné. Lors de la manche reine, j’ai eu un problème mécanique sur la montée du Soller et je n’ai jamais pu revenir. C’était donc vraiment cool sur ma dernière course de faire une course acharnée avec Tobias et de frôler le podium. Je pense qu’il méritait mieux. Il a eu à beaucoup attaquer, alors peut-être que nous devrons courir un peu plus calmement plus tard dans la saison. Bugge (Uriandstad) et Willy (Blume Levy) ont également fait un super travail dans le long des journées.
CT : Quelle est la suite de ton programme ?
JK : Le Tour d’Oman. Je vise le podium au classement général.
Cap vers de nouveaux sommets
CT : Tu as connu une saison réussie en tant que cycliste en 2023, en mettant en avant tes talents de grimpeur. Comment comptes tu exploiter ces succès dans cette nouvelle étape de ta carrière ?
JK : Le but est de continuer à m’améliorer jour après jour. Je veux utiliser mon âge comme un avantage et non comme une source de stress. J’ai une marge de progression encore importante et je ne me mets pas la pression outre mesure.
CT : La transition entre le cyclisme U23 et le monde professionnel peut être exigeante. Comment t’es-tu préparé physiquement et mentalement pendant cette phase ?
J’ai travaillé plus à croire en moi-même car beaucoup de choses sont liées à la confiance qu’on se donne. L’objectif est d’oser aller au fond des choses et repousser mes limites. Comme l’a dit [Matej] Mohoric lors du dernier Tour de France. « Parfois, c’est tellement difficile que vous avez l’impression de ne pas être à votre place, mais vous devez vous dire que tout le monde pousse au minimum aussi fort que vous. »
CT : Quels sont tes objectifs à court terme et dans quel état d’esprit abordes-tu ta deuxième saison avec UNOX ?
JK : Je veux être de mieux en mieux et voir la différence que je peux faire sur une course. L’année dernière, il me suffisait de suivre les coups mais pendant les courses aux Baléares, j’ai montré que j’étais beaucoup plus fort et que je pouvais faire la différence pour mon équipe. Bien sûr, je veux gagner. Mais je serais aussi heureux si je pouvais aider les jumeaux [Johannessen] ou Andreas [Leknessund] par exemple à gagner, que si je gagnais pour moi-même.
CT : En ce qui concerne tes capacités de grimpeur, quelles sont les étapes de montagne ou les courses spécifiques que tu attends avec le plus d’impatience cette année ?
JK : J’ai vraiment hâte de participer à la Volta de Catalunya. J’ai beaucoup joué à cette course dans Pro Cycling Manager depuis l’âge de 6-7 ans. J’aime beaucoup cette course, alors je veux bien sûr y faire une bonne performance. Par ailleurs, je ne veux pas classer mes courses, parce que je veux juste y aller à fond à chaque fois que je cours, sans penser à la taille de la course.
CT : Comment décrirais-tu ta manière de courir et quels sont les aspects du cyclisme que tu apprécies le plus en tant que coureur ?
JK : Je me définirais comme étant un attaquant. Je suis un peu trop enthousiaste et trop excité. Dans les courses où je ne suis pas le favori, je prends encore un peu trop de responsabilités en attaquant. Mais je pense que maintenant, quand je cours avec Tobias, c’est un gros avantage. Parce qu’il est tellement fort mais il n’a jamais eu assez de coéquipiers autour de lui dans les moments décisifs. Donc j’espère que ça va changer maintenant et que je peux l’aider, donc j’économise plus d’énergie.
CT : Quels sont les aspects que tu cherches à améliorer en ce moment ?
JK : J’essaie de tout cœur d’améliorer tout ce qui me concerne. Mes capacités de grimpeur, de puncheur, ma pointe de vitesse et ma bonne tenue en descente.
Une voie du succès vite trouvée.
CT : En tant que néo pro, quels conseils as-tu reçus de tes coéquipiers ou mentors pour réussir chez les élites ?
JK : Principalement il m’a été suggéré de rester concentrer et suivre le capitaine de route, de prendre position pendant les moments cruciaux et de ne pas avoir pas trop de respect pour les équipes WT et les coureurs établis. Si vous voulez faire partie des coureurs établis et méritants à un moment donné, vous devez les battre.
CT : L’équipe a perdu de nombreux grimpeurs pendant l’intersaison ; ressens-tu des pressions particulières en matière de performance ?
JK : Je ne dirais pas que l’équipe s’est vraiment affaiblie à ce niveau car nous avons recruté Andreas Leknessund, et Magnus Cort se débrouille bien dans les montées. Notre équipe est donc beaucoup plus forte que l’année dernière. Je ne ressens pas vraiment de pression, je me contente de croire et de me faire confiance.
CT : Qu’est-ce qui t’inspire chez Tobias Johannessen et Andreas Leknessund, les deux grimpeurs confirmés de l’équipe ?
JK : Je pense à la quantité d’accomplissement qu’ils ont fait et à leur mentalité. Ce sont des coureurs intrépides qui osent dépasser leurs limites et ils ont un style de course très offensif. Ils sont tous les deux jeunes, mais j’ai l’impression qu’ils prennent soin de moi
« Nous exprimons notre profonde gratitude envers Johannes Kulset pour sa disponibilité et lui adressons nos vœux sincères de réussite tout au long de cette saison, ainsi que pour la suite prometteuse de sa carrière. »