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Pourquoi la Bahrain Victorious dérange ?

by Maxime Seveno

A la veille du Tour de France 2022, la Bahrain Victorious est sous tous les projecteurs. Cette formation bahreïnienne, sous le viseur des autorités depuis 1 an, a subi une série de perquisitions avant le contre-la-montre inaugural de Copenhague. Cette équipe est l’une, si ce n’est la plus détestée du World Tour. Quelles sont les raisons du désamour de la communauté vélo envers la Bahrain Victorious ?

Des bons débuts, mais un petit essoufflement…

Créée en 2017 par l’intention du Prince bahreïnien Nasser ben Hamed Al Khalifa, la Bahrain-Merida a été dans ses premières années une équipe compétitive. Dès ses premières années, cette nouvelle formation World-Tour était principalement axée sur les Grands Tours, avec la présence de Domenico Pozzovivo de 2018 à 2019, mais surtout de Vincenzo Nibali. L’Italien a été la locomotive de cette équipe, en remportant le Tour de Lombardie en 2017 et Milan San-Remo en 2018.

Vincenzo Nibali célèbre sa victoire surprise à San Remo. Source : Marco Bertorello

La Bahrain-Merida était aussi présente sur d’autres domaines, avec l’émergence de Matej Mohoric et de Sonny Colbrelli. Bref, cette équipe était compétitive, notamment en 2018. Mais elle l’est un peu moins en 2019 et en 2020, malgré les coups d’éclat de Nibali et de Mikel Landa qui rejoint l’équipe en 2020.

13ème au classement UCI par équipes lors de ces deux années, la tout juste nommée Bahrain Victorious réalise une première partie de saison 2021 moyenne. Du 1er Janvier jusqu’au 20 Avril 2021, cette équipe se classait alors 8ème au Classement UCI par équipe. Elle ne remporte qu’une seule victoire, celle du sprinteur allemand Phil Bahaus lors de la quatrième étape du Tour de Provence. C’est à compter de la fin du mois d’avril que la Bahrain Victorious va se métamorphoser.

…Jusqu’à une métamorphose de l’équipe mi-2021, et des performances interrogant le monde du cyclisme.

C’est à partir de la fin Avril 2021 que les coureurs prennent une toute autre dimension. A 33 ans, Damiano Caruso s’est transformé en un véritable leader de Grand Tour, en s’élevant sur la deuxième marche du podium du Tour D’Italie. Jack Haig, troisième de la Vuelta en Septembre et impressionnant sur le Critérium du Dauphiné, a franchi un cap en 2021.

Damiano Caruso, durant le Giro 2021. source : Tim de Waele/Getty Images.

Gino Mäder est passé de grimpeur baroudeur, comme ce fut le cas au Giro 2021 avec sa victoire lors de la sixième étape, à un coureur de Grand Tour accrochant un Top 5 au Tour d’Espagne 2021. Matej Mohorič, déjà performant les années précédentes, devient à partir de 2021 un coureur capable de gagner des étapes avec des monts pavés, comme ce fut le cas au Benelux Tour, de gagner des étapes en baroudeur, déployant un braquet très impressionnant. le Slovène est également capable de gagner des monuments. Milan-San Remo 2022 en est la preuve, grâce à son coup de génie dans la descente du Poggio.

Sonny Colbrelli, auparavant bon sprinteur qui passait bien les bosses, est devenu un véritable champion : il est désormais capable de bien grimper, comme ce fut le cas lors du Tour de France 2021. il est capable de remporter un championnat d’Europe très vallonné, et ce, après une course extrêmement intense à Trento.

Il est devenu monstrueux sur les courses pavées, comme en témoigne sa victoire à Paris-Roubaix en 2021, dès sa première participation. En 2022, l’Italien ne retrouvera pas son niveau de l’année dernière. Victime d’un malaise cardiaque durant le Tour de Catalogne, son avenir est désormais incertain.

La métamorphose la plus spectaculaire à la Bahrain-Victorious se voit chez Mark Padun. En effet, le grimpeur ukrainien, après avoir été inexistant en ce début d’année 2021, explose littéralement lors du Critérium du Dauphiné. D’ores et déjà largué au général, il remporte coup sur coup les 7 et 8ème étapes, en dominant facilement ses adversaires. Ces performances de Padun surprennent négativement la communauté vélo, qui voit désormais d’un très mauvais œil la métamorphose de cette équipe.

Mark Padun célèbre sa victoire à La Plagne. source : Thierry Guillot

La Bahrain Victorious a, en une demi-année, remporté 29 victoires, et est remontée à la 4ème place du classement UCI par équipe. En 2022, la formation de Milan Erzen est quasiment dans la continuité de ce qu’elle avait réalisé la saison précédente : 14 victoires, dont Milan San-Remo avec Matej Mohorič, et 3ème au classement par équipes. L’équipe reste très compétitive à la fois dans les classiques, mais également dans les Grands Tours, avec la troisième place de Mikel Landa au dernier Tour d’Italie.

La métamorphose de la Bahrain Victorious ont surpris négativement beaucoup d’observateurs, qui se méfient désormais de cette équipe, et notamment de son encadrement jugé sulfureux.

Un Encadrement douteux

Milan Erzen, accusé dans le cadre de l’affaire « Aderlass ». Source : Matic Klanšek Velej/Sportida

Si la Bahrain Victorious dérange le monde du vélo, c’est aussi en raison de son encadrement considéré comme sulfureux. De nombreux dirigeants du staff de la Bahrain Victorious ont été impliqués dans des scandales de dopage, à commencer par le manager général Milan Erzen. En effet, le dirigeant slovène a été mis en cause dans le scandale international de dopage « Aderlass ». Les policiers autrichiens, et la Fondation antidopage du cyclisme l’ont soupçonné d’avoir demandé au médecin dopeur Mark Schmidt, d’acheter une centrifugeuse pour réaliser des transfusions sanguines.

Ces accusations, qualifiées de « fausses et infondées » par l’intéressé, ne constituent pas des preuves de sa réelle culpabilité ou non dans l’affaire « Aderlass », mais ternissent sa réputation. De plus, 7 autres membres de l’encadrement ont été impliqués dans des affaires de dopage, ou polémiques :

Si quasiment toutes les équipes du World Tour contiennent en leur sein des dirigeants épinglés dans des affaires de dopage, ces 8 dirigeants sportifs cités, coupables ou blanchis, contribuent à une très mauvaise image de la Bahrain Victorious.

5 années d’existence, et déjà des polémiques

La Bahrain Victorious, depuis sa création en 2017, connaît déjà de nombreuses polémiques à son actif. En 2019, lorsque l’opération « Aderlass » a vu le jour, deux membres de la formation bahreïnienne y ont été impliqué : Milan Erzen (voir plus haut dans l’article), mais aussi le coureur Kristjan Koren. Ce dernier est accusé d’avoir utilisé des méthodes dopantes avec l’aide de Mark Schmidt, entre 2012 et 2013. L’UCI le suspend en 2019 pour deux ans.

Mais l’affaire qui fait de la Bahrain Victorious l’une des formations World Tour les plus controversées commence en Juillet 2021, en plein Tour de France. Dès le 3 juillet, l’équipe est visée par une enquête préliminaire du Parquet de Marseille pour des « chefs d’acquisition, importation d’une substance ou méthode interdite aux fins d’usages par un sportif ». A l’issue de la 17ème étape, elle reçoit la visite surprise de la brigade de l’OCLAESP dans son hôtel, à Pau.

Durant la perquisition, des analyses capillaires sont effectués sur tous les coureurs impliqués. Des scientifiques révèlent qu’il y aurait dans ces analyses des traces de Tizanidine. La Bahrain Victorious dément aussitôt l’utilisation de ce médicament. L’utilisation présumée de la Tizanidine est considéré par des médecins reconnus, comme un moyen d’améliorer les performances. L’un d’entre eux, le Docteur Jean-Pierre de Mondenard, explique les effets bénéfiques de la Tizanidine :

« La Tizanidine a l’effet de relaxer les muscles. Et sachant que les cyclistes ont souvent ce qu’ils appellent « le mal aux jambes », ça peut les aider. En situation d’effort intense, dans le « money-time », il peut arriver une sorte d’asphyxie musculaire, les muscles se contractent, se raidissent. Plus la sollicitation physique sera grande, plus le muscle pourra grossir, et plus la douleur pourra être grande. Ce myorelaxant, habituellement pris pour soigner des scléroses en plaques, va jouer sur les contractures, cela va limiter les tensions musculaires. »

Jean-Pierre de Mondenard, interviewé par Ouest-France.

Lors de la 19ème étape du Tour, Matej Mohorič aggrave la polémique. En célébrant sa deuxième victoire sur ce Tour, il fait un signe « bouche cousue ». La dernière fois que les téléspectateurs avaient vu ce geste, c’était en 2004. Lance Armstrong avait alors fait ce geste devant la caméra, quelques minutes après avoir intimidé et humilié Filippo Simeoni. En effet, ce dernier avait dénoncé les pratiques dopantes du médecin personnel d’Armstrong, Michele Ferrari. Mohoric rétorquera ensuite qu’il ne savait pas la symbolique de ce geste pour le moins maladroit, mais le mal est fait.

Mohorič, le geste de la discorde. Source : Getty Images

Un an après, l’affaire continue. En effet, l’agence européenne de police Europol organise 14 perquisitions sur 6 pays, qui vise la Bahrain Victorious. Cette investigation n’est pas encore arrivée à son terme, mais contribue à ternir davantage la réputation de cette équipe.

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