Ce mercredi, notre classement des dix moments les plus marquants de l’année 2023 débute par un duel qui a marqué la 110ème édition de la Grande Boucle. En effet, durant la 110ème édition du Tour de France, le Slovène Tadej Pogacar a fait trembler Jonas Vingegaard à de nombreuses reprises, dans un duel au niveau hallucinant.
Un contexte (très) défavorable pour Pogi
Tadej Pogacar est un phénomène qu’on ne voit que tous les trente ans. En 2023, le natif de Komenda a confirmé son statut de meilleur coureur du monde. Ce printemps, il a gagné Paris-Nice, le Tour des Flandres, l’Amstel Gold Race, la Flèche Wallonne, rien que ça ! Capable de dominer les meilleurs en montagne mais aussi de battre les plus grands coureurs de classique dans les monts pavés, le Slovène a confirmé qu’il est un coureur extraordinaire.
Malheureusement, ce printemps s’est terni par sa chute lors de Liège-Bastogne-Liège, qui lui a occasionné une fracture du scaphoïde dans le poignet gauche. Cette mésaventure est de taille pour Pogi puisqu’elle l’empêche de se préparer convenablement pour le Tour de France. Son entraîneur Iñigo San Millán l’explique très bien dans une interview au quotidien français l’Equipe :
Inigo San Millan, lors d’une interview avec l’équipe
Pendant ce temps, le vainqueur sortant du Tour de France Jonas Vingegaard a effectué une préparation parfaite pour défendre son titre. Intouchable au Critérium du Dauphiné avec 2 victoires d’étape et le général, le grimpeur danois se présente à Bilbao comme le favori incontesté de la Grande Boucle.
Justement, lors de la cinquième étape entre Pau et Laruns remportée par l’Australien Jai Hindley, Vingegaard confirme sa forme exceptionnelle en montagne. Dans le col de Marie Blanque, le Danois mystifie Tadej Pogacar à un kilomètre du sommet. A l’arrivée, le Danois reprend 64 secondes à Pogacar qui est désormais à 53 secondes de son rival au classement général.
A ce moment de la course, Vingegaard paraissait inatteignable, avec des performances surréalistes dans les cols. Pogacar, quant à lui est en mauvaise posture. Mais ce dernier va contre toute attente faire trembler le Danois à plusieurs reprises, avec des performances qui resteront dans la postérité.
Sixième étape : La réponse magistrale à Cauterets-Cambasque
Lors de la 6ème étape du Tour de France, au Col du Tourmalet, Jonas Vingegaard fait rouler ses coéquipiers à fond. Son objectif est très simple : en finir avec la concurrence et en particulier Pogacar pour le maillot jaune.
Après avoir facilement distancé le maillot jaune Jai Hindley, Sepp Kuss s’écarte à 2 kilomètres du sommet et Vingegaard attaque. Le rythme du Danois est hallucinant, mais Pogacar, contrairement à l’étape de Marie Blanque la veille reste dans sa roue, sans être au rupteur.
Après avoir rejoint dans la descente du Tourmalet le groupe de tête avec Wout Van Aert, Vingegaard décide de réattaquer dans la montée de Cauterets-Cambasque à 4,5 kilomètres du sommet. Pogacar répond facilement à cette nouvelle attaque du Danois et laisse ce dernier s’épuiser pour ensuite mieux le contrer.
C’est ce qu’il fera à près de 3 kilomètres du but. Une accélération spectaculaire, qui laisse sur place un Vingegaard qui n’avait jamais été inquiété par le natif de Komenda l’année précédente sur les cols du Tour.
Au terme d’une étape sensationnelle, Tadej Pogacar remporte une première victoire sur ce Tour de France et prouve au monde entier qu’il n’abdique pas si facilement la bataille pour le Graal avec cette démonstration de puissance. Le Slovène, grâce aux bonifications, revenait à seulement 25 secondes du tenant du titre qui revêt ce jour-là le maillot jaune.
9ème étape : Même la chaleur ne gêne pas Pogi au Puy de Dôme
La neuvième étape du Tour de France marque le retour de l’ascension du Puy de Dôme. Ce géant du Massif Central, dont les 4 derniers kilomètres sont à 12% de moyenne, devait au départ favoriser un pur grimpeur comme Vingegaard aux dépends de Pogacar.
De plus, la chaleur présente ce jour-là (30°C au sommet du volcan) devait gêner le Slovène, d’autant plus que ce dernier a confié ne pas très bien supporter la chaleur, là où un Vingegaard y est plus à l’aise.
Et pourtant, le Slovène afficha à nouveau sa supériorité face à Vingegaard. Dans une étape remportée par le Canadien Michael Woods, Pogacar accélère à 1,5 kilomètres du sommet.
Vingegaard perd des longueurs, dépassé par le rythme affolant de son rival et roule à son rythme pour ne pas craquer physiquement et conserver son maillot rouge. Au final, le maillot blanc reprend huit secondes au Danois qui ne compte plus que 17 secondes d’avance sur son rival de 24 ans.
13ème étape : Pogacar reprend encore huit secondes à Vingegaard
Lors de la 13ème étape, qui se conclut au sommet du Grand Colombier après une ascension de 17,4 kilomètres à plus de 7% de moyenne, la formation UAE Team Emirates décide cette fois-ci de prendre les choses en main en roulant dès les premiers kilomètres.
L’objectif de la formation émiratie est simple : faire gagner Pogacar en limitant le plus possible l’écart avec le groupe d’échappée. Si cet objectif n’a pas été rempli avec la victoire du coureur polonais Michał Kwiatkowski (INEOS Grenadiers), Pogacar s’est démarqué une nouvelle fois par sa forme étincelante.
A 450 mètres de la ligne, le maillot blanc lance un sprint en côte extrêmement impressionnant qui décroche une nouvelle fois Jonas Vingegaard. Le maillot jaune termine à 4 secondes de Pogacar qui, grâce à sa troisième place de l’étape, revient à neuf secondes du Danois au classement général grâce au jeu des bonifs.
L’accélération du coureur d’UAE était d’une telle violence qu’il en sidérait ses adversaires, à commencer par Tom Pidcock :
Pidcock dans une interview pour Cycling News
14ème étape : une occasion manquée ?
De jour en jour, Tadej Pogacar s’approche du maillot jaune au général et de plus en plus de suiveurs croient en un retournement de situation en faveur du Slovène. Le point culminant du duel entre les deux phénomènes a lieu durant la 14ème étape, la première passant par les Alpes.
Dès le premier col de la journée, la formation Jumbo-Visma du maillot jaune imprime un rythme infernal qui annihile toute chance de victoire de l’échappée.
Dans le mythique col de Joux Plane, les efforts de Sepp Kuss n’intimident pas Pogacar qui demande alors à Adam Yates d’accélérer l’allure. A 3,7 kilomètres du sommet, le Slovène attaque et sort de sa roue Jonas Vingegaard. A ce moment-ci, on pense alors que Pogacar pouvait s’emparer du maillot jaune, mais le grimpeur danois revient à 1,6 kilomètres du sommet.
Pogacar essaie d’en remettre une à 500 mètres de la ligne mais les motos le bloquent dans son initiative. Ensuite, le Slovène se fait surprendre par le maillot jaune qui empoche 3 secondes de bonification au sommet de Joux Plane. Carlos Rodriguez revient sur le duo de tête et part seul dans la descente. Le maillot blanc est surpris une nouvelle fois et essaie de le reprendre dans la descente, sans succès.
Le leader espagnol de la formation INEOS Grenadiers s’impose, et Pogacar, deuxième, aura perdu deux secondes sur le Danois durant l’étape. Mais malgré cette gestion très mauvaise de cette fin d’étape, on ne peut pas affirmer qu’il s’agisse d’une occasion manquée pour Pogi.
Car depuis cette étape, Jonas Vingegaard ne sera plus jamais inquiété par le coureur slovène dans ce Tour de France. Grâce aux performances hallucinantes qu’on lui connaît et la baisse de forme de Pogacar, il conservera son maillot jaune sans aucun problème et remporte ainsi son deuxième Tour de France.
Malgré le résultat final de ce 110ème édition de la Grande Boucle, l’opposition qu’a montré Pogacar dans ce Tour de France sont d’une telle impression qu’elle est dans notre top 10 des moments les plus marquants de l’année 2023.