Au terme d’une semaine spectaculaire sur les routes du premier Tour de France Femmes de l’histoire, il est l’heure de tirer les premiers enseignements de cette toute nouvelle épreuve dans le calendrier des coureuses du peloton international.
Pour commencer, le parcours retenu pour cette première édition, presque intégralement dans l’Est, pouvait poser question suite au passage très récent des hommes dans cette région, délaissant ainsi l’Ouest ou encore le Massif Central. Toujours est-il que l’on pourrait qualifier ce parcours d’homogène, entre plaine, vallon et montagne, ce qui pouvait laisser supposer qu’il aurait du spectacle.
Le lieu de la première bataille pour la tunique jaune était emblématique, puisque l’organisation avait retenu Paris et les Champs-Elysées comme théâtre de la première arrivée. Puis les coureuses ont dû affronter quelques étapes accidentées, à l’image de celle arrivant à Épernay, ou encore celle dans les chemins de vignes menant à Bar-sur-Aube. Mais pour clore en beauté cette semaine, les grimpeuses ont également pu trouver un terrain de jeu qui leur est favorable lors des deux étapes clés de ce Tour menant aux sommets du Markstein et de la Super Planche des Belles Filles, censées faire la loi pour le classement général.
Une très belle semaine de course
Pour évoquer la course en elle-même, elle a débuté par un magnifique sprint sur les Champs-Elysées, couronnant la jeune néerlandaise Lorena Wiebes qui rentrait alors dans l’histoire en glanant le premier maillot jaune de l’histoire du Tour de France féminin. Le lendemain, l’étape menant les coureuses à Provins a été marquée par la violente chute de Marta Cavalli, leader de la formation FDJ Suez-Futuroscope, contrainte à l’abandon. Au terme de cette étape, c’est une autre néerlandaise (moins jeune cette fois-ci) qui s’est imposée, en la personne de la très expérimentée Marianne Vos, récupérant au passage le maillot jaune. Un maillot jaune qu’elle gardera le lendemain à Épernay grâce à une deuxième place derrière la danoise Cecilie Ludwig.
On se demandait alors qui pouvait vaincre sur ce genre d’étapes les sprinteuses et les grands noms du peloton. Marlen Reusser a eu la réponse lors de la quatrième étape, très attendue pour ses passages dans les chemins de vignes non goudronnés. En attaquant à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée et en profitant d’un marquage entre les favorites, la Suissesse s’en est allée lever les bras en solitaire à Bar-sur-Aube.
Néanmoins, ce scénario ne s’est plus reproduit puisque sur les deux étapes suivantes, les néerlandaises Lorena Wiebes et Marianne Vos ont à nouveau fait parler leur puissance dans les sprints massifs.
Après six jours de lutte acharnée pour les victoires d’étape, c’était au tour du classement général de se jouer lors des deux dernières étapes, en montagne. Néanmoins, le suspens autour du général n’aura pas duré longtemps tant Annemiek Van Vleuten a survolé ces deux étapes, en gagnant en solitaire coup sur coup et en s’adjugeant ainsi le premier Tour de France Femmes de l’histoire, après avoir remporté le Tour d’Italie.
Par ailleurs, ce Tour de France féminin aura été l’occasion de constater la force et le talent du cyclisme féminin néerlandais. En effet, les néerlandaises ont raflé 6 victoires d’étape et ont ramené au pays les maillots jaune, vert, blanc et à pois par l’intermédiaire d’Annemiek Van Vleuten, Lorena Wiebes, Demi Vollering et Shirin Van Anrooij. Cette domination, visible chez les femmes depuis de nombreuses années déjà peut s’expliquer par de nombreuses raisons: tout d’abord, à l’image du Danemark, c’est un pays qui a la culture et l’amour du vélo en lui. De plus, dès le plus jeune âge, les trajets se font en vélo et la méthode de travail chez les professionnelles est plus adaptée pour pouvoir performer au plus haut niveau.
Côté français, on pourra retenir la magnifique 4e place au classement général de Juliette Labous, mais aussi les tentatives de Marie Le Net, Evita Muzic, Victoire Berteau ou encore de la championne de France Audrey Cordon-Ragot, qui ont toutes animé la course devant leur public.
Un public qui a répondu présent
En outre, même si le cyclisme féminin n’est pas autant suivi que le cyclisme masculin, le public était présent en masse sur le bord des routes pour encourager les coureuses, mais aussi devant leur écran puisque les audiences pour ce Tour de France Femmes ont été très bonnes. D’après les statistiques de France TV Presse, lors de l’arrivée à la Super Planche des Belles Filles, plus de 3 millions de téléspectateurs étaient devant leurs écrans pour suivre le dénouement du Tour de France, avec même un pic d’audience à 5,1 millions de téléspectateurs lors de l’arrivée de cette étape. Cet engouement est de très bonne augure pour le futur du cyclisme féminin mondial mais aussi français puisqu’on peut imaginer que cette course a donné envie à de nombreuses jeunes filles de se mettre au cyclisme.
Des avis contrastés sur cette course
Cependant, il existait et il existe toujours des avis contrastés sur l’apparition d’une course d’une telle envergure au sein du peloton féminin. Et les quelques chutes importantes ayant eu lieu lors des premiers jours de course auront énormément fait parler les (trop) nombreuses personnes ayant critiqué à la moindre opportunité (voir ci-dessous) ces coureuses qui ont pourtant fait preuve d’un courage impressionnant malgré les chutes et la difficulté de cette épreuve.
Ainsi, Marion Rousse, directrice de la course peut donc se féliciter pour cette première édition extrêmement positive malgré quelques critiques et féliciter toutes les personnes ayant contribué à ce spectacle d’une semaine. Désormais, il ne reste plus qu’à attendre l’année prochaine pour revoir le peloton féminin sur les routes du Tour de France.
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Super article, bien écrit et résumé !