Le 13 septembre, la Fédération Française de Cyclisme a dévoilé sa sélection pour les Championnats du Monde de cyclisme sur route. Les coureurs appelés sont : Julian Alaphilippe (Quick-Step Alpha Vinyl), Bruno Armirail (Groupama-FDJ), Romain Bardet (DSM), Rémi Cavagna (Quick-Step Alpha Vinyl), Christophe Laporte, Valentin Madouas (Groupama-FDJ), Quentin Pacher (Groupama-FDJ), Florian Sénéchal (Quick-Step Alpha Vinyl) et Pavel Sivakov (INEOS).
Le groupe est composé de neuf coureurs. Huit coureurs sont attribués aux grosses nations du cyclisme (dont fait partie la France). A ces huit, s’ajoute Julian Alaphilippe car il est détenteur du titre.
Cette année, beaucoup de suiveurs doutent de la capacité de l’équipe de France à réitérer l’exploit de remporter la course. Comment les français doivent-ils faire pour gagner ?
Une équipe de France malchanceuse
Les coureurs de l’équipe de France ont souffert de la malchance cette saison. Le double champion du monde, Julian Alaphilippe est le principal touché cette année. Tous les suiveurs se souviennent de sa chute sur Liège-Bastogne-Liège. Il s’était fracturé l’omoplate, des côtes et a été victime d’un pneumothorax. Près de quatre mois de rééducation s’en étaient suivis. Il avait alors fait son retour avec une victoire sur le Tour de Wallonie au sommet de son Mur de Huy tant chéri. Il sera déclaré positif au Covid-19 le surlendemain. Il court alors la Vuelta a Espana pour épauler son leader et glaner des victoires d’étapes. Il se luxe l’épaule sur la 11ème étape. En conséquence, deux semaines de repos sont préconisées. Les Championnats du Monde seront sa course de reprise. La forme du leader habituel de l’équipe de France est pour le moment inconnue.
Comme dit le proverbe, il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. Miser uniquement sur Alaphilippe serait une grosse erreur, d’autant plus que sa forme est incertaine.
Pour établir une stratégie, il est nécessaire de connaître le parcours. A quoi ressemble t-il ?
Le parcours
La course se courera sur 266.9 kilomètres. Le peloton passera par le Mont Keira (7,5kms à 5,7%) puis empruntera le Mont Pleasant (1,1 km à 8,6%) à douze reprises. Le dénivelé positif sera de 4167 mètres. C’est légèrement moins celui des Championnats de 2020 à Imola où Alaphilippe a décroché son premier maillot arc-en-ciel.
Le Mont Pleasant est comparable à Salmon Hill, la bosse où, (encore) Julian Alaphilippe s’était illustré sur les Championnats du monde en 2017, à Bergen. Une montée courte et sèche, idéale pour les puncheurs.
L’ascension du Mont Keira pourrait cependant user les plus faibles d’entre eux.
Le tracé correspond donc aux puncheurs/grimpeurs. Le vainqueur sera un coureur endurant compte tenu de la distance. Pour triompher, il faudra être principalement explosif mais aussi résister aux efforts longs. Certains coureurs de l’équipe de France correspondent parfaitement au profil exigé pour gagner…
La stratégie à appliquer
Comme indiqué précédemment, les Français seront neuf au départ. Ils seront donc en supériorité numérique par rapport aux autres grosses nations. Un avantage certain. Car, comme il se dit souvent : le cyclisme est un sport individuel couru en équipe. Le fait d’être nombreux apporte de multiples avantages. Il est plus simple de chasser les attaquant ou de harceler les adversaires. Cette stratégie avait alors permis de remporter le titre en 2021 (c.f. résumé de la course). C’est une tactique à adopter lorsque nous ne sommes pas favoris. Cela permet de déstabiliser les adversaires qui, eux, se doivent de poursuivre les attaquants pendant que ses coéquipiers se contentent de suivre dans les roues.
Plein de stratégies sont envisageables pour les français. Voici les rôles que chacun des coureurs pourraient tenir :
Rémi Cavagna :
Rémi Cavagna est l’un des meilleurs rouleurs français. Il a l’habitude de faire le tempo. Il devrait rouler dans la première partie de course pour éviter que les échappées ne prennent trop de champ.
Christophe Laporte :
Le sprinteur de la Jumbo-Visma a passé un cap cette année. Le Varois a beaucoup travaillé pour son leader Wout Van Aert. Le rôle d’équipier ne lui est donc pas inconnu. En plus, il passe très bien les bosses. C’est une qualité non négligeable sur un parcours comme celui de Wollongong. Il devrait se cantonner au rôle d’équipier. Ses qualités en bosses n’étant pas assez développées.
Bruno Armirail
Le coureur de Groupama-FDJ est très polyvalent. Il roule très bien et passe les courtes côtes avec aisance. Il succèdera sûrement à Rémi Cavagna pour rouler. Les vallons lui réussissent mieux qu’à Cavagna. Il pourra contrôler la course avant l’emballage final.
Sinon, si le scénario de course le permet, Bruno Armirail pourra tenter sa chance en partant de loin.
Florian Sénéchal
Le Cambrésien avait servi de co-leader sur les Championnats du Monde de Louvain. C’est un sprinter qui subit peu les profils accidentés. Ce n’est pas son terrain de prédilection pour autant. Sachant que ce n’est pas un très bon rouleur, il pourrait tenter sa chance en échappée et ainsi obliger les équipes adverses à rouler.
Pavel Sivakov
Naturalisé français il y a moins d’un an, Pavel Sivakov est sélectionné pour la première fois en Equipe de France. C’est un grimpeur. Son rôle sera de mettre la pagaille / désorganiser les autres nations.
Quentin Pacher
Quentin Pacher sort d’une très bonne Vuelta. Il n’était pas passé loin d’une victoire d’étape. C’était sur la 17ème étape où il a franchi la ligne en 2ème position. Son punch sera d’une grande aide pour la France. Sur le papier, il n’a pas les capacités nécessaires pour s’imposer. Tout de même, attention à lui s’il se glisse dans un coup. Il pourrait distancer plein de coureurs lors d’une attaque. Quentin Pacher sera un leader de second rang mais devra quand même maitriser la course pour éviter que ses leaders soient débordés.
Romain Bardet
L’Auvergnat sort de deux bonnes classiques Canadiennes (le Grand Prix de Québec puis de Montréal). Il y avait montré de bonnes aptitudes de punch. Il jouait les seconds rôles. A Wolongong, il devrait tenir le même rôle que Quentin Pacher.
Valentin Madouas
Valentin Madouas réalise une excellente saison 2022. Il a décroché un top 10 sur le Tour de France après avoir terminé sur le podium du Tour des Flandres. Le breton est dans la forme de sa vie.
C’est un puncheur/grimpeur. Il est réputé comme l’un des cyclistes les plus endurants du peloton.
Le parcours des Championnats du Monde lui correspond sur mesure. Malgré qu’il n’ai pas encore fait ses preuves sur les courses internationales, il faudra se méfier de Valentin Madouas.
Julian Alaphilippe
La forme du double champion du monde est incertaine. Il n’a pas couru depuis son abandon sur le Tour d’Espagne.
En théorie, le tracé est idéal pour lui. De courtes côtes raides.
Ce sera le co-leader de l’Équipe de France si la forme est suffisante. Sinon, attendons-nous à une démonstration de son sens de la course…
L’Equipe de France aura plusieurs cartes à abattre. Le scénario devrait être similaire à celui de l’an dernier : Une course déclenchée très tôt et des attaques dans tous les sens. Les Français peuvent prétendre à un troisième titre d’affilé mais pour ça il faudra être offensif.