Home Articles Les équipes de développement : tour d’horizon d’un phénomène moderne.

Les équipes de développement : tour d’horizon d’un phénomène moderne.

by Aboubacar Soumare

En septembre 2017, David Lappartient est intronisé à la tête de l’Union Cycliste Internationale à la suite du long mandat du Britannique Bryan Cookson. C’est dans une perspective de réformes et de refontes que le Français inscrira sa fonction. Parmi celles-ci, on retrouve l’encouragement des équipes World Tour, ou simplement professionnelles, à avoir leur propre structure de formation. Presque une demi-décennie plus tard, où en sommes-nous sur ce sujet ?



En 2015, les équipes de développement restaient un épiphénomène dans le monde du cyclisme où les jeunes talents savaient que les rendez-vous nationaux en espoir étaient la passerelle pour espérer devenir professionnel. Durant cette même année, on note des passages remarqués chez les professionnels de jeunes coureurs qui ne sont pas passés au préalable par une structure UCI :

  • Le futur quintuple champion de Suisse du Contre-la-Montre, Stefan Küng, chez la BMC Racing Team
  • Celui qui, en 2018, deviendra vainqueur de Paris Nice : Marc Soler, à la Movistar
  • Le futur vainqueur du Tour de Suisse et du Tour de Catalogne, Miguel Angel Lopez chez Astana
  • Le futur Double Champion du Monde du Contre-la-Montre Fillipo Ganna à la Lampre Merida.

Cette année 2015, seulement 15 équipes continentales sur 50 au total avaient une moyenne d’âge inférieure à 21 ans. Pour compléter la statistique, en 2023, la moitié des WT possèdent une équipe de développement en troisième division contre une seule en 2017 pour la Team Sunweb (ancienne DSM).

Les modèles précurseurs d’Axeon Cycling Team et de la SEG Racing Team

Née en 2009 sous la formule d’équipe de développement, l’Axeon Cycling Team ne sera réellement connue qu’à partir de 2015 avec la prise en main d’Axel Merckx, le fils d’Eddy. Ses racines américaines ont toujours subsisté mais le virage pris avec le Belge a réellement contribué au lancement de l’équipe dans le circuit espoir international. Cette équipe, constituée exclusivement d’U23, deviendra même une Pro team en 2018, avant de rétrograder en fin 2019. En effet, elle a longtemps été un vivier pour les équipes World Tour à gros budget. De 2015 jusqu’à aujourd’hui, 23 de leurs coureurs ont obtenu un contrat pro. On y retrouve le vainqueur du Giro 2020 (le Britannique Tao Geoghegan Hart), deux stars actuelles du cyclisme portugais (Joao Almeida et Ruben Guerreiro) et le tout juste vainqueur américain de l’étoile de Bessèges : Neilson Powless.

Au même moment, la SEG Racing Team, une structure de développement hollandaise faisait fureur en Europe avec une constance digne d’une ProTeam. Au fur et à mesure, la formation batave se spécialisait dans le domaine du sprint. Les plus grands noms du sprint actuel sont passés dans leurs rangs. On citera entre autre Fabio Jakobsen, Cees Bool, Kaden Groves, Alberto Dainese, Jordi Meeus et David Dekker. A eux s’ajoutent le récent vainqueur du Muscat Classic, Jenthe Biermans ainsi que le grimpeur hollandais le plus prometteur des dernières années : Thymen Arensman. Malheureusement disparue en 2021, la SEG Racing Team a elle aussi fourni 23 coureurs professionnels, la plupart se sont révélés être de grands talents.

Les prises de pouvoir grandissante des Néo pros

« Développement » est un terme à la mode. De plus en plus de juniors talentueux sautent les courses amateures pour devenir directement professionnels. Pour faciliter la ruée vers les futures stars les plus prometteuses, la plupart des équipes mondiales, et même un grand nombre d’équipes féminines du World Tour, ont aujourd’hui leurs propres équipes de développement où elles préparent les jeunes coureurs et coureuses aux rangs professionnels.

Depuis 4 ans, une des équipes qui s’est fait une expertise dans la formation est la Groupama FDJ de Marc Madiot. La formation française a fait passer 25 coureurs chez les professionnels par le biais de leur réserve de jeunes en continentale. Le dernier coup marquant restant l’incorporation simultanée de 8 néo pros cette année dans la structure mère. L’effectif 2023 de la WT française est à moitié constitué de coureurs qui proviennent de son équipe relais

Le modèle de la DSM est le 2e plus efficace. Elle a réussi à faire passer à l’échelon supérieur 18 jeunes (issus de son équipe continentale) et ceux exclusivement dans sa propre structure World Tour. UNO-X Pro Cycling Team réussit la même performance, outre les départs de Tobias Foss chez Jumbo-Visma et d’Andreas Leknessund chez DSM.

Des retraites de plus en plus précoces causées par l’augmentation du nombre de Néo pros ?

Le phénomène des retraites a toujours été une question personnelle plutôt qu’une histoire de tendance. En effet, l’annonce récente des retraites de trois grands noms de la génération 90 (Thibaut Pinot, Peter Sagan et Rohan Dennis), traduit plutôt une lassitude de ces stars qu’une défection devant la jeune génération. En 2022, un quart des coureurs ayant levé les bras pour la première fois étaient des coureurs de moins de 25 ans. Ce qui était une rareté il y a quelques années devient une norme. Dans un élan de courses aux points, les équipes recherchent de plus en plus de densité, assommant petit à petit le concept de leader unique. Le règlement 2023 de la course aux points n’arrange rien. Le nombre de coureurs pris en compte dans le calcul des points UCI passe des 10 aux 20 meilleurs de chaque équipe. La question du burnout peut se poser car les coureurs auront des jours de courses cumulés conséquents avec en plus une exigence ponctuelle de l’employeur dans la course aux points.

Pour traduire tout cela en chiffre, en 2017, seuls 23 coureurs évoluant en World Tour prenaient leur retraite contre 42 en 2021. Nous pouvons donc dire qu’être un équipier modèle ne suffit plus pour garder sa place au plus haut niveau. Il faut aussi avoir la capacité de faire des résultats quand le leader est absent des débats. De plus, les coureurs devenant de plus en plus rapidement professionnels (avec souvent des programmes de courses très denses), s’exposent aussi au risque de vite raccrocher dans le futur car le cyclisme reste un sport de défis physiques.

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