La saison de cyclisme est en pleine préparation pour 2024, avec les équipes qui peaufinent leurs plans. Cependant, une question épineuse persiste, comme c’est souvent le cas, concernant les coureurs sans contrat. La majorité de ces coureurs se trouvent dans une phase critique de pure incertitude. Ce problème est d’autant plus marquant chez les coureurs africains. Malgré la promotion de Henok Muluberhan en World Tour, de nombreux autres restent sans contrat, et très peu parviennent à décrocher un contrat professionnel. Même avec l’émergence de talents tels que Biniam Girmay et l’engouement autour de lui, dont a profité son jeune compatriote Aklilu Areyfane pour rejoindre l’équipe de développement liée à Intermarché Circus Wanty, la tendance demeure difficile pour les cyclistes de cette région qui peinent à s’imposer durablement dans le peloton professionnel, malgré leur immense potentiel.
Merhawi KUDUS : Depuis ses débuts, il a été annoncé comme le futur premier vainqueur d’étape d’Afrique noire sur un grand tour, ainsi qu’un concurrent sérieux pour le classement général. À seulement 29 ans, ce coureur érythréen a déjà accompli des exploits notables, ce qui en fait l’un des Africains les plus expérimentés de la scène cycliste actuelle, aux côtés de son acolyte de longue date, Louis Meintjes. Issu de la formation Qhubeka, sa meilleure saison reste sans aucun doute celle de 2019, au cours de laquelle il a remporté brillamment le Tour de Rwanda, avant de monter sur le podium final du Tour de Turquie, se mesurant avec succès à la jeune étoile montante, Remco Evenepoel. Malgré son rôle d’équipier au sein de son équipe, Kudus a accumulé plus d’une centaine de points cette saison, démontrant sa valeur en tant que coureur polyvalent. Il est donc tout à fait légitime qu’une équipe professionnelle cherche à le recruter pour renforcer ses rangs.
Tsagbu GRMAY : Évoluant en tant que professionnel depuis 2013, ce talentueux coureur éthiopien âgé d’une trentaine d’années n’a pas obtenu le renouvellement de son contrat au sein de l’équipe dirigée par le Sud-Africain Brent Copeland. Au cours des cinq dernières années, Grmay a joué un rôle essentiel en tant qu’équipier exemplaire au sein de l’équipe australienne. Actuellement, il détient le titre de septuple champion du contre-la-montre en Éthiopie, et il a parcouru un chemin marqué par quatre équipes World Tour depuis son départ de l’équipe MTN Qhubeka, malheureusement dissoute en 2021. Il est envisageable qu’il envisage de retrouver son tout premier manager, Douglas Ryder. Cependant, il convient de noter que ce dernier a déjà quasiment finalisé son effectif pour la saison 2024.
Amanuel GHEBREIGZABHIER : Le champion d’Afrique en 2018 a conclu l’une de ses saisons les plus brillantes mais se retrouve actuellement sans contrat. Malgré une équipe de 28 coureurs et un premier camp en octobre au siège de l’entreprise de cycles Trek, l’équipe Lidl Trek ne semble pas encline à prolonger le contrat de l’Érythréen, même s’il reste deux places réglementaires disponibles. Ghebreigzabhier a été tout près de remporter des étapes en montagne au Giro d’Italie et à la Vuelta cette année, ce qui témoigne de son mérite pour une place en World Tour, voire en Proteam. Il est important de souligner d’où il revient après sa grave chute au printemps 2022, ce qui rend d’autant plus exceptionnelle sa performance cette saison. Les places sont actuellement très prisées du fait que la plupart des équipes ont déjà clôturé leurs effectifs.
Paul DAUMONT : le cycliste franco-burkinabè, a tracé son chemin depuis ses débuts au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) à un jeune âge, suscitant de grands espoirs. Devenu olympien en août 2021, il brille sur la scène africaine en tant l’un des coursiers les plus talentueux. L’année précédente, il a connu des revers malheureux, notamment lorsque l’équipe sud-africaine Protouch, qui semblait sur le point de le recruter, a subitement disparu après son stage. Célèbre au Burkina Faso, il vient tout juste de remporter le Tour national avec 5 victoires d’étape à son actif. Paul Daumont est aujourd’hui un athlète mature, prêt à saisir sa chance sur la scène professionnelle et à s’illustrer sur le circuit continental, où il pourra démontrer toute l’étendue de son talent, au cœur de l’ancien continent qui abrite les courses les plus prestigieuses.
Omar EL GOUZI : Naturalisé marocain au cours de la saison précédente, ce natif de la Vénétie a marqué un tournant en devenant le premier coureur professionnel du royaume depuis bien longtemps. En 2021, il a laissé une forte impression en se hissant deux fois dans le top 10 lors des prestigieuses compétitions Baby Giro et Giro d’Aosta, dans la catégorie espoirs. Après deux années passées en tant que professionnel au sein de l’équipe Bardiani, il a acquis une précieuse expérience. Il demeure un grimpeur dont le potentiel de progression reste considérable, faisant de lui un atout incontournable pour son équipe en vue du premier passage des Championnats du Monde de cyclisme en Afrique, qui se tiendront à Kigali en 2025.
Kiya ROGORA : Le champion d’Afrique du Contre-la-Montre Espoir a entamé sa formation en Europe du côté de l’équipe EF Education Nippo Development Team. Malheureusement, l’équipe dans laquelle son compatriote Welay Hagos Behre avait brillé disparaîtra à la fin de la saison. Fort de ses belles performances, notamment lors de la plus prestigieuse course en Afrique, il mérite amplement l’opportunité de rejoindre une autre structure de développement. Cette année a essentiellement servi à son intégration, et il est temps qu’il puisse s’épanouir pleinement. Il est envisageable que les équipes espagnoles manifestent un intérêt pour son recrutement, d’autant plus que Mulu Hailemichael a déjà acquis de l’expérience en Espagne après la dissolution de l’équipe Delko.
Chistophe ROUGIER-LAGANE : Le Mauricien se distingue avant tout comme un formidable espoir du cyclisme africain, méritant pleinement une opportunité en Europe l’année prochaine. Plusieurs raisons justifient cette perspective. Tout d’abord, sa performance constante tout au long de l’année 2023 est un élément clé. Dès le mois de janvier, il a fait preuve de compétitivité sur les routes de la Tropicale Amissa Bongo, décrochant un podium final, malgré la forte concurrence européenne qui complique la tâche. En enchaînant ensuite avec une série de top 10 lors des épreuves du championnat d’Afrique, Christopher a confirmé son potentiel en se classant deuxième au tour national, puis en réalisant un doublé lors des Championnats Nationaux.
Yacine HAMZA : il représente une opportunité exceptionnelle pour ceux en quête de points et de succès. Le coureur algérien de 26 ans a décroché pas moins de 17 victoires en 2023, ce qui le place parmi les meilleurs performeurs de la Saison. Il est vrai que toutes ses victoires ont été obtenues lors d’épreuves de classe .2 dans les calendriers Asia Tour et Africa. Cependant, sa domination indiscutable tout au long de l’année sur ces circuits secondaires, où chaque coureur aspire à se faire remarquer par les recruteurs, démontre sa force et sa régularité. Il a fallu une grande résistance pour enchaîner ces victoires et accumuler des points, et Yacine Hamza en a amassé un total impressionnant de 459. Cela le rend extrêmement attractif pour les équipes en quête de promotion en World-Tour ou simplement désireuses de figurer parmi les 40 premiers au classement UCI, la seule voie d’accès aux invitations pour les trois Grands Tours de la saison suivante.
Les jours à venir revêtent une importance cruciale pour l’avenir de tous ces coureurs, car ils devront progresser au plus haut niveau afin de maintenir le cap jusqu’au premier championnat du monde en Afrique en 2025. Les équipes ont également tout intérêt à être bien représentées, en particulier dans la course aux points, où les championnats continentaux et nationaux offrent une opportunité de gagner des points précieux.
