Des calanques marseillaises aux plaines du Kirghizistan, vous risquez de croiser Cédric Tassan et un VTT. Aventurier des temps modernes, il utilise le vélo pour découvrir de nouveaux paysages et des cultures différentes. Des expéditions que partage Cédric en réalisant des films.
Cédric Tassan a besoin de répondre « à l’appel de la nature ». Lui qui a grandi dans les montagnes grenobloises, suit ses parents qui déménagent à Salon-de-Provence, à l’âge de 13 ans. Fini les sorties en raquettes, et les randonnées alpestres. Le VTT se présente alors comme le bon outil pour poursuivre cette découverte de la nature. S’installe une relation particulière avec la petite reine. Un amour passionné qui le suit encore aujourd’hui, à 46 ans. Marié et père de deux enfants, il veut montrer que l’âge ou la situation familiale ne sont pas un frein pour se dépasser.
Tout ce qu’entreprend Cédric Tassan dans le sport est par passion. Laissant l’aspect performance à d’autres, le Vététiste est là pour s’éclater. Des voyages en Asie centrale, il en a réalisé quatre sur les deux dernières années, mais incapable de citer le nombre de kilomètres parcourus. Il est clair : « les chiffres, je ne les regarde pas ».
Cédric, la barbe courte et grisonnante, paraît être un baroudeur, un peu fou pourrait-on penser, qui a besoin de partir à l’autre bout du monde pour prendre du plaisir. Loin de là. Bien que son arrivée dans le monde du vélo soit le fruit du hasard, c’est un homme sûr de lui que nous avons en face de nous. Un homme lucide sur les risques qu’il peut rencontrer, et qui sait faire preuve de prudence. Dans ses expéditions, « les choses doivent se calculer ». Des calculs qu’il ne faisait pas avant d’arriver dans la sphère du vélo.
La transmission d’une passion
Récent diplômé d’une école d’ingénieur, Cédric Tassan s’installe dans la région marseillaise pour chercher du travail. Mais entretien après entretien, il fait chou blanc. Pire, un recruteur lui annonce : « M. Tassan, vous n’êtes pas fait pour ce métier ». Une phrase que Cédric mettra plusieurs années à comprendre. Sur le coup, c’est surtout l’égo qui est touché. Il devient alors prof de math remplaçant au collège. « Ça a toujours été un bonheur » de transmettre. En parallèle, notre enseignant n’oublie pas sa passion pour la nature.
Féru d’escalade, il en vient à échanger avec Jean-Louis Fenouil, auteur de topos d’escalades dans les calanques. De fil en aiguille, ce dernier lui propose d’écrire un bouquin sur le VTT. En octobre 2004, Cédric Tassan sort VTT en Provence, « un gros bouquin, cher et lourd » qui se vend bien. Expérience réussie pour le Marseillais, qui décline cet ouvrage à d’autres régions. Avec ses topoguides, il transmet le VTT mais aussi l’appel de la nature. Deux facteurs qui « décuplent les émotions et les sensations ».
Mais tout ça prend fin brutalement quand la maison d’édition ferme, après que Cédric Tassan ait passé « des heures et des heures sur la selle ». S’impose alors le premier calcul. N’ayant pas de diplôme pour continuer à enseigner les maths, il décide de monter une maison d’édition. « Le vélo devient mon métier à ce moment-là ». Nous sommes en 2005. L’aventure Vtopo débute. Pour parler à tout le monde, habitué mais aussi novice du VTT, il décline pour un même territoire, trois guides de niveaux différents. Cette transmission par le livre, continue encore aujourd’hui, mais est venu s’ajouter la vidéo. Celui qui se présente comme « explorateur cycliste et cinéaste » sur Instagram, suivi par 44 000 personnes, réalise depuis deux ans des films de ses expéditions.
Transmettre par l’image
En août 2021, Cédric Tassan, et son vélo, s’envole pour le Kirghizistan. Lui qui a toujours voyagé en groupe, se retrouve désormais seul dans l’avion : personne n’a voulu l’accompagner. Il débute « l’exploration en solitaire », non sans appréhension. « J’ai toujours été dans l’aventure, mais pas l’aventure comme-ça », explique l’ancien prof. Mais pourquoi l’Asie centrale ? Avant tout pour la géographie : « C’est à la fois pas très loin, mais aussi très dépaysant ». Cédric a besoin de ressentir la liberté, à l’aide de paysages ouverts, afin de « voir loin, très loin », et si possible montagneux. Avec les images tournées au Kirghizistan, il réalise son premier film : Sary-Mogol. Un film dans lequel il place l’humain au cœur des images : « Ces rencontres font toute l’essence de mon voyage ». Diffusé en festival, c’est un succès. De bons retours qui donnent envie au Vététiste de continuer à produire du contenu.
Trois autres voyages dans des pays voisins suivent : le Kazakhstan au printemps 2022, l’Ouzbékistan en avril 2023 et le Tadjikistan en août 2023. Dans un environnement qu’il ne connaît pas, Cédric voyage pendant deux à trois semaines en solitaire – il tourne la majeure partie des images seul. A travers la montagne ou le désert, il ne se fixe pas de contrainte géographique. Sur son vélo, rien ne lui résiste. Au-delà des difficultés, il décide de documenter toutes ses activités sur son compte Instagram et produire des films. Un besoin de partager qui est naturel chez lui. « J’aurais du mal à ne pas ramener de témoignages ». Un témoignage sur une nature différente, un mode de vie différent, qu’il souhaite partager en France.
« Je fais ça car j’aime le partage, je suis dans la simplicité des choses ». Ce que veut Cédric, c’est faire voyager mais aussi donner envie de pédaler. Le vélo est un outil de rencontre, facilitant les échanges. Pour avoir pu comparer, Cédric Tassan s’est rendu compte que les gens sont moins méfiants lorsqu’il est à vélo qu’à pied. Il explique également que ses films sont pour beaucoup une source d’inspiration. Il reçoit régulièrement des remerciements et commentaires allant dans ce sens de spectateurs. Des échos qui lui donnent toujours plus envie de partager.
Ce soir, vous retrouverez Cédric Tassan comme sujet du Grand Format de Stade 2, à 20h05 sur France 3.
Voici la bande d’annonce de Zarmas, film de Cédric Tassan qui retrace son aventure en Ouzbékistan. Le film sort aujourd’hui, vous retrouverez les séances sur son compte Instagram.