Le plateau de cette Vuelta 2019 est unique à bien des égards. Son placement dans le calendrier permet à de nombreux coureurs de s’y présenter, mais les niveaux de forme des différents prétendants au classement général varient beaucoup. Le plateau des sprinteurs est lui aussi atypique, avec l’absence de nombreux grands noms du sprint mondial. L’occasion de faire un dernier point sur les forces en présence à la veille du départ.
Peu de sprinteurs pour peu d’occasions
Si le plateau des sprinteurs est nettement moins relevé que sur le Tour, cela tient probablement dans le nombre d’occasions qui leur sont réservées. En effet, seules 4 étapes peuvent être véritablement promises aux sprinteurs, ce qui n’attire évidemment pas tous les candidats. Néanmoins, on retrouvera au départ le meilleur sprinteur de ces dernières semaines, l’irlandais Sam Bennett, qui s’est imposé à trois reprises sur le Binck Bank Tour. Face à lui, on retrouvera notamment Fabio Jakobsen, lui aussi très en vue cette saison, ainsi que Fernando Gaviria, qui devra se montrer convaincant après sa blessure sur le Giro. John Degenkolb et Phil Bauhaus, ainsi que Max Walscheid, seront les trois sprinteurs allemands les plus attendus. Luka Mezgec, vainqueur de deux étapes sur le Tour de Pologne, a montré qu’il était capable de créer la surprise sur des étapes difficiles, et pourrait trouver en Espagne un terrain à sa convenance. Il faudra aussi se méfier du norvégien Edvald Boasson Hagen, vainqueur d’une étape sur le Dauphiné, et qui pourrait lui aussi apprécier ces parcours vallonés, tout comme l’italien Enrico Battaglin, bon puncheur lui aussi. Côté français, les meilleures chances reposeront sur Clément Venturini, qui a montré sur les Quatre Jours de Dunkerque, en étant le seul à pouvoir devancer Dylan Groenewegen, que l’on pouvait compter sur lui.
La Vuelta, un régal pour les puncheurs
Si les arrivées massives ne seront pas légion, on ne peut pas en dire autant des arrivées pour puncheurs. Véritable spécialité du Tour d’Epagne, ces étapes accidentées et leurs arrivées en bosse proposeront un terrain idéal pour l’un des connaisseurs de cette épreuve, le champion du monde Alejandro Valverde. Là encore, il sera loin d’être seul, puisqu’il devra se défaire de concurrents solides tels que Dylan Teuns ou Jakob Fuglsang. Mais pour lui, le danger viendra principalement de la formation Deceuninck Quick Step, avec la présence de Zdenek Stybar et de Philippe Gilbert, qui risque de rendre ces étapes bien plus ouvertes que prévu. Boasson Hagen peut également espérer bien figurer sur ces arrivées difficiles, tout comme les espagnols Jesus Herrada, Jon Aberasturi et Alex Aranburu. Au total, on dénombre au moins six étapes qui puissent leur convenir, ce qui laisse évidemment beaucoup de possibilités.
Un maillot rouge très disputé
Le classement général sera bien sûr le centre de l’attention au cours de ces trois semaines. Si la liste des prétendants est longue, on peut déjà affirmer que le coureur qui s’imposera devra aimer les ascensions courtes et irrégulières, typiques de l’épreuve, mais devra également proposer de belles choses lors des deux contre la montre, l’un disputé par équipes dès la première étape, le second étant un effort solitaire qui attendra les coureurs au 10e jour de course.
Le nom qui revient le plus souvent pour la victoire finale est celui de Primoz Roglic. Et pour cause, si le slovène a terminé 3e du Giro au mois de mai, ni Richard Carapaz, ni Vincenzo Nibali, qui le précédaient à l’arrivée à Vérone, ne seront au départ. Il emmènera d’ailleurs avec lui une véritable armada, avec Sepp Kuss, Robert Gesink, George Bennett, et surtout Steven Kruijswijk, qui pourrait lui aussi jouer sa carte, fort de sa récente 3e place sur le Tour de France. Alors, La Vuelta serait-elle déjà acquise à la cause de la formation néerlandaise ? Et bien, pas vraiment. Sur le papier, les jaune et noir concentrent bien des atouts, mais les annoncer vainqueurs serait oublier la présence de solides adversaires, qui se feront une joie de déjouer leurs plans, à commencer par les Movistar, frustrés par leur Tour de France. Nairo Quintana, certes moins tranchant que par le passé, reste néanmoins un adversaire de taille pour le maillot rouge, tout comme son coéquipier Valverde. Les deux hommes seront donc probablement des acteurs importants au cours des prochaines semaines.
Du côté de chez Astana, on n’a pas fait les choses à moitié. Si le leader semble être le colombien Miguel Angel Lopez, qui tentera de faire mieux que sa 3e place de l’an passé, la présence de Jakob Fuglsang leur permettra de brouiller les pistes, à condition que le vainqueur de Liège Bastogne Liège ait récupéré correctement de sa blessure. Accompagnés par un effectif très solide, ils seront eux aussi de sérieux prétendants à la victoire.
Face aà eux, on retrouvera principalement trois formations, avec Rafal Majka et Davide Formolo chez Bora Hansgrohe, Fabio Aru et le jeune Tadej Pogacar chez UAE, mais surtout Rigoberto Uran, Tejay Van Garderen, Daniel Martinez et Hugh Carthy chez Education First. Vous l’aurez compris, les outsiders sont nombreux et très bien entourés, ce qui pourrait nous réserver quelques surprises. N’oublions pas non plus l’équipe Ineos qui, en l’absence des ses grands leaders, jouera pour Wout Poels et Tao Geoghegan Hart, avec tout le savoir faire qui est le sien. Pour terminer cette liste (non exhaustive) des prétendants au maillot rouge, on peut citer le colombien Esteban Chaves, qui revient à son meilleur niveau après une période très difficile, en atteste sa victoire sur le Tour d’Italie. Dans une moindre mesure, le jeune Pierre Latour, auteur d’un très bon Tour de Pologne malgré une saison compliquée, pourrait se révéler sur les routes espagnoles qu’il affectionne tout particulièrement