Alors qu’un rapport alarmant du GIEC est sorti le 4 avril, le monde se demande de manière sérieuse comment réduire l’impact de l’Homme sur l’environnement ? Des politiques territoriales peuvent être appliquées ou des actions mises en place par des individus comme, par exemple, se déplacer à vélo. C’est un moyen de se déplacer reconnu comme peu émetteur de gaz carbonique. Le monde professionnel du cyclisme sur route, est-il respectueux de la planète ?
Ce qui pose problème
Ces derniers temps, le Tour de France a porté l’étiquette d’un événement sportif polluant (ce qui est contradictoire avec l’usage d’un vélo). Plusieurs maires de grosses communes françaises ont critiqué la course sur le sujet environnemental. On peut compter parmi eux Grégory Doucet, le maire de Lyon, qui a montré son mécontentement sur la manière de gérer la pollution lors de la Grande Boucle. Son homologue de Rennes a pris la même position en refusant que sa ville accueille le grand départ du Tour.
Les maires ont mis en avant plusieurs motifs : la Caravane publicitaire, le nombre important de voitures suiveuses, etc. À cela, peut s’ajouter la retransmission TV avec les hélicoptères ou les motos, les bidons des coureurs parfois perdus dans la nature et les déplacements des spectateurs sur le bord de la route. Par exemple, en 2018, lors du passage des coureurs à la station de l’Alpes-d’Huez, la quantité de déchets a plus que décuplé comparé à un jour classique. La ville, qui enregistre d’habitude quatre tonnes de détritus, en a collecté plus de cinquante ce jour-là. Bien sûr, à cela, s’ajoutent les émissions de gaz à effet de serre émis par les véhicules en rapport avec l’épreuve (160 véhicules de la Caravane, les véhicules de l’organisation ainsi que les voitures des directeurs sportifs)..
La mise en place d’une course est donc lourde de conséquence pour l’environnement. Le Tour de France est souvent pointé du doigt, mais ce n’est pas la seule course ayant ces problèmes. Toutes sont concernées par cette problématique.
Les mesures prises par les instances
Pour contrer les problématiques évoquées précédemment, l’UCI ou l’Organisations des courses ont pris des mesures.
En avril 2021, l’UCI a pris une première grosse mesure en faveur de la planète. Elle a proscrit les jets de bidons en dehors des zones de collecte réservées à cet effet. Michael Schär, de la formation AG2R Citroën, en a fait les frais en premier. Il a envoyé l’objet à un spectateur puis a été déclassé en conséquence. Cette histoire a beaucoup fait parler dans le peloton. L’argument avancé en faveur du jet de bidon est qu’il s’agit d’un geste déchaînant une passion dans le cœur des spectateurs. C’est un geste très important dans ce sport. C’est pour cela que l’UCI a allégé cette mesure en mettant en place un système d’avertissement avant l’exclusion d’un coureur.
Suite aux critiques de certaines personnes, Pascal Chanteur, président de l’Union Nationale des Cyclistes Professionnels (UNCP), a vanté l’action des institutions en faveur de l’environnement. Il a rappelé la mise en place des zones de collectes, a ajouté que les bidons sont biodégradables (dont les bienfaits écologiques restent à prouver) puis que la voiture de Christian Prud’homme est entièrement électrique.
Aussi, il a été mis en place des systèmes pour promouvoir l’écologie. ASO a créé sur le Tour de France un partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle pour protéger les zones Natura 2000. De son côté, sur le Tour d’Italie, RCS Sport a instauré l’initiative “Ride Green” incitant les villes hôtes des étapes à recycler les déchets causés par l’événement. L’initiative s’étend sur un champ assez large d’actions qui ne se limite pas à la récolte de déchets. RCS Sport joue aussi sur l’éducation des plus jeunes.
Les instances et les organisateurs des courses commencent à prendre conscience des enjeux climatiques. De plus en plus de mesures sont prises dans l’optique d’un cyclisme plus respectueux de la planète.
Certains coureurs s’engagent
Même si d’un côté les instances s’engagent pour l’environnement, certains coureurs prennent tout de même des initiatives en ce sens.
Les coureurs utilisent certes un moyen de locomotion n’émettant pas de gaz à effet de serre, mais leur impact climatique n’est pas pour autant nul. Ils polluent non seulement lors des courses, mais aussi en dehors.
Michael Woods a estimé son émission de gaz carbonique lors d’une année. Le résultat a été sans appel. Le Canadien a conclu que son empreinte carbone totale était de 60 tonnes de CO2, dont 33 peuvent être attribuées à ses déplacements dans le cadre professionnel. Le reste pourrait s’expliquer par sa grande consommation de viande et vêtements. Soit quatre à cinq fois plus qu’une personne vivant dans la même région que lui, en Espagne. Le natif d’Ottawa s’est alors engagé à réduire son bilan carbone.
D’une autre manière, Guillaume Martin s’est aussi engagé pour le climat. Il a mis aux enchères son maillot porté sur la Vuelta. La somme engendrée a été triplée par le coureur de la Cofidis qui a reversé le montant total à une association luttant pour le climat.
Les initiatives des coureurs sont encore rares, mais, comme les instances, ils s’engagent de plus en plus pour la planète.
Malgré les efforts produits par les fédérations et les organisations, une progression est encore possible. Le peloton est donc un élève en progression. Il s’adapte lentement, mais sûrement. Certaines mesures peuvent être adoptées pour rendre le milieu encore plus vert. Par exemple, de forcer les voitures suiveuses à tendre vers les énergies renouvelables, de minimiser les transferts sur les courses à étapes etc. Un cyclisme encore plus écologique est encore possible ! Pour cela, il faut continuer sur la même voie et s’engager encore plus dans les actions climatiques.
(Source de la photo mise en avant : MAXPPP)