Rohan Dennis est parvenu à conserver son titre mondial sur l’exercice chronométré sur le circuit technique et détrempé du Yorkshire. Une performance attendue par certains, étonnante pour d’autres, mais qui aura clairement mis tout le monde d’accord. Devançant son dauphin de plus d’une minute, le grand Australien n’aura pas laissé la place au suspense. Et quel dauphin, le prodigieux Remco Evenepoel, qui réalise une performance inédite en montant sur le podium de l’épreuve élite un an seulement après son sacre chez les juniors, devançant le champion du monde de la poursuite individuelle, l’italien Filippo Ganna. Un podium pour le moins impressionnant…
L’arc en ciel, point d’orgue d’une saison en demi-teinte
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le double champion du monde de contre la montre n’a pas réalisé sa plus belle saison. Hors de forme en début d’année, c’est un Rohan Dennis fantomatique qui s’est présenté au départ des différents contre la montre, échouant même à conserver son titre national. Seulement 8e sur Tirreno Adriatico, puis 22e sur le chrono du Tour du Pays Basque, un premier bilan décevant pour un spécialiste de son rang. Mais la déception a vite été compensée par une belle victoire sur le prologue du Tour de Suisse, suivie d’une superbe semaine qui lui aura permis de se révéler dans un domaine nouveau, à savoir les courses par étapes, en terminant 2e derrière le jeune Egan Bernal, vainqueur du Tour de France quelques semaines plus tard. C’est donc avec beaucoup d’ambition que le coureur de la formation Bahreïn Merida s’est présenté au départ du Tour de France au mois de juillet. Mais alors que le chrono de Pau, son principal objectif, approchait à grand pas, un abandon rocambolesque est venu mettre un terme à ses chances de victoires, justifié plusieurs semaines plus tard par des désaccords avec son équipe, et un malaise qui l’empêchait de performer. De l’eau dans le gaz, la critique de la presse de plus en plus agressive et parfois infondée à son égard, des conditions difficiles pour se préparer sereinement au contre la montre le plus relevé de l’année. Mais un champion doit savoir faire preuve de ténacité et de caractère, et ces qualités, le rouleur Australien n’en manque pas. Sous les yeux ébahis de ses directeurs sportifs, et du public, et loin devant ses rivaux, Rohan Dennis s’est avéré intouchable sur le toboggan d’Harrogate. Un seul homme aura pu suivre le rythme effréné du vainqueur, Primoz Roglic, probablement vexé d’avoir été déposé si facilement, s’est accroché à la roue lenticulaire de son rival, pour terminer à ses côtés quelques kilomètres plus loin, écœuré, sous les flashes inquisiteurs de la montagne de journalistes venus capturer l’arrivée du désormais double tenant du titre. Une performance qui le classe parmi les plus grands rouleurs de son époque, devenant ainsi le 4e coureur à conserver son titre, au même titre que son compatriote Michael Rogers, ou les quadruples vainqueurs Fabian Cancellara et Tony Martin. Une revanche à la saveur particulière, pour celui qui était dépeint quelques jours plus tôt par l’ensemble de la presse cycliste comme un bad boy venu d’Australie, et qui avait quitté le Tour pour un vélo trop peu performant à son goût. Le vainqueur a toujours raison, dirons-nous, et force est de constater que cette absence de courses pendant plusieurs mois lui aura fait le plus grand bien, soulignant une nouvelle fois les effets bénéfiques d’une préparation parfaitement calibrée, permettant même de se passer d’un calendrier de courses chargé et parfois usant.