Je vous avais déjà présenté mon premier test chez Look, celui du 795 Blade RS Disc, il y a quelques mois. Un essai très intéressant qui m’avait logiquement donné envie de creuser du côté de la marque nivernaise, et c’est donc avec grand plaisir que j’ai pu tester l’autre modèle phare du constructeur français, le 785 Huez RS, lui aussi dans sa version à disques. Un modèle plutôt polyvalent et orienté vers les terrains vallonnés. Sans plus attendre, je vous propose de découvrir le bilan de cet essai, réalisé sur 2 mois et plus de 1500km. C’est parti !
Découverte de la machine
Voici donc le 785 Huez RS, un vélo haut de gamme plutôt passe-partout et destiné aux terrains accidentés. Notre modèle test se pare ici d’un coloris rouge et noir avec une finition mat. Dans cette configuration, il est équipé d’une transmission Shimano Ultegra Di2 et d’une paire de roues Corima WS de 47mm à disques, sur lesquelles je reviendrai plus en détail dans un prochain article. Potence, cintre et tige de selle sont signés Look, et la selle est un modèle issu de la marque italienne San Marco. Pesé à environ 7,5kg, le modèle est disponible avec des roues Vittoria pour 6500 euros chez l’équipementier, on a donc affaire à un vélo haut de gamme destiné aux compétiteurs avant tout. Passons maintenant aux premières impressions ressenties sur les premiers kilomètres.
Un cadre exigeant mais relativement confortable
Les premiers tours de roue ne trompent pas sur ce type de machines. On ressent immédiatement la précision et le niveau de performance du 785 Huez RS, taillé pour la compétition. La dénomination RS évoque la fibre de carbone utilisée, de très grande qualité chez Look, et utilisée sur les modèles les plus performants de la marque. Le cadre est orienté pour les terrains vallonnés, mais semble réagir de très belle manière sur le plat. Je m’étais habitué aux sensations du Blade RS, et je dois bien avouer que les deux machines n’ont pas grand chose à voir. Le Blade était finalement très polyvalent, et s’adaptait à son pilote très aisément, avec une dominante très prononcée pour la plaine. Ici, les sensations sont très différentes. La dominante est plus agressive, et on sent rapidement un cadre plus exigeant, qui nécessite d’être poussé dans ses retranchements pour être apprécié à sa juste valeur. Néanmoins, le niveau de confort est bon, même si les aspérités de la routes se font vite sentir à faible vitesse sur les lombaires. Un premier aperçu qui donne envie d’en savoir plus sur ce modèle, et j’ai donc abordé les phases de test spécifiques avec un œil très attentif et beaucoup de curiosité.
Taillé pour les puncheurs/grimpeurs
J’ai donc effectué plusieurs essais sur son terrain de prédilection, à savoir les routes présentant un dénivelé important. Après tout, il s’agit bien d’un vélo polyvalent et destiné à ce type de parcours, surtout que son poids contenu pour une version à disques offre de belles perspectives. Et là, la donne change complètement. Une fois dressé sur les pédales, le vélo offre un rendement excellent, quel que soit la configuration du terrain. Si bien sûr la plaine n’est pas forcément à son avantage, il semble tout de même offrir de très bonnes sensations à haute vitesse. Évidemment, lorsque la route s’élève, rouler sur une telle machine devient un véritable régal, et le poids des disques sait se faire oublier. Le rendement est excellent sur les pentes raides, mais aussi sur les montées roulantes. Mais surtout, c’est un cadre qui s’adapte très bien aux changements de rythme, très fréquents en compétition et qui représentent l’un des facteurs clé de la performance. Le choix d’une transmission électronique s’en trouve d’autant plus intéressant, avec des passages de vitesse fluides et rapides sur ce groupe Ultegra Di2. Je m’attendais à un vélo performant sur ce terrain, et le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne suis pas déçu ! Attention, pour profiter d’un rendement de ce niveau, il convient toutefois de maintenir une intensité élevée dans l’effort, pour se rapprocher des conditions de compétitions, dans lesquelles il brille par son répondant. J’ai pu tester la machine sur un terrain très particulier, à savoir la côte de Mur de Bretagne, escaladée par le peloton du Tour de France à plusieurs reprises. Une très bonne expérience qui m’a permis de visualiser avec précision les performances d’un tel équipement sur un terrain très difficile, avec comme vous le savez des pourcentages à plus de 10%. Trois ascensions plus tard, je suis pleinement satisfait de ce que j’ai pu observer dans les montées, confirmant mes impressions précédentes. Petit bémol, monter trois fois Mur de Bretagne nécessite, bien évidemment, de redescendre également à trois reprises la difficulté. Mis à part mes piètres qualités de descendeur qui, cela dit, ne jouent pas pour beaucoup sur une descente en ligne droite, j’ai rapidement senti les limites du vélo dans cette descente très dangereuse. Avec un fort vent de côté, le vélo s’est mis à vibrer au bas de la descente, rendant le contrôle de la trajectoire quelque peu hasardeux, pour ne pas dire inexistant. Un petit bémol qui ne devrait pas avoir une grosse influence sur les performances en course, car je doute qu’un descente aussi dangereuse que celle-ci soit au programme d’une quelconque course amateur. Un élément qu’il faut néanmoins prendre en compte lorsque l’on fonce tête baisser dans une descente de col, pour ne pas être surpris par son changement de comportement.
Un niveau de performance en compétition très intéressant
Un cadre qui a vocation à être utilisé en compétition se doit d’être testé en conditions réelles, n’est-ce pas ? Covid oblige, je n’avais pas pu réaliser d’essai sur le terrain avec le modèle précédent, mais j’ai pu profiter de la reprise des compétitions pour ce deuxième test. L’occasion de tester la bête dans son environnement naturel, et là encore, pas de mauvaises surprises. Il s’agit tout simplement d’un vélo parfaitement adapté aux courses les plus exigeantes et proposant des parcours difficiles. Les relances sont absorbées avec aisance, et le rendement en côte permet d’évoluer sur ces terrains de manière économe. Un vélo que vous emmenez également sans problème au sprint, avec un démarrage tonique, et une bonne résistance une fois votre pic de vitesse atteint. Dès lors que la vitesse est élevée, vous ne rencontrerez aucun difficulté avec ce vélo, sur les portions montantes comme sur les portions planes, où le rendement reste excellent. Point très important, le freinage à disques, auquel je commence à m’habituer, offre une sécurité et une aisance dans un peloton très appréciable, malgré le gain de poids engendré. Je n’ai jamais été fan des freins à disques, mais je dois bien reconnaître leur efficacité, surtout quand vient le moment de naviguer dans un peloton de 200 coureurs au gré des descentes et des virages en épingle. Néanmoins, s’il est bien un moment où ce 785 Huez RS ne vous enchantera plus, c’est bien sûr lorsque vous ne serez plus en mesure de suivre le tempo imposé par vos adversaires. Distancé en fin d’épreuve sur un parcours difficile, j’ai malheureusement pu faire l’expérience d’évoluer sur un vélo exigeant lorsque le corps ne répond plus. Et ici, pas de miracle, il faut traîner sa misère au courage et ne pas attendre un quelconque appui de ce vélo lorsque la défaillance survient. S’il voltige lorsque vous êtes dans le rythme, il modifie complètement son comportement une fois arrêté dans les côtes ou sur les portions exposées au vent. Impossible de trouver un second souffle, il faudra batailler pour conserver sa vitesse, et c’est là le bémol de ce cadre, qui une fois sorti de sa zone de prédilection, semble réticent à vous soutenir dans vos efforts. Pas de panique, bien sûr, il m’aura fallu une fringale et 20 kilomètres en carafe derrière le peloton pour en arriver à cette conclusion, sans doute accentuée par les sensations médiocres ressenties dans ce type de situations. Il faut donc se faire à l’idée que ce vélo s’adresse aux compétiteurs en recherche de performance, et qu’une fois sorti de ce contexte, il offre des sensations un peu plus mitigées, sans pour autant être rédhibitoires.
Et sur la durée ?
Le dernier point que j’ai pu tester, avec une certaine surprise je l’avoue, reste sa capacité à s’adapter à des durées longues à l’entraînement. Comme chez Cycling Times, on n’aime pas faire les choses à moitié, on a décidé de voir grand pour ce dernier test. Au programme donc, une sortie de 300 km sur les parcours très roulants reliant Rennes à Saint Malo, pour les connaisseurs. 10h de plaisir et de souffrance, pour repousser les limites de ce vélo sur ces durées importantes. Et là, quelle surprise, le vélo a su parfaitement répondre à l’effort demandé, malgré le côté exigeant évoqué précédemment. Le confort est resté constant, et finalement largement suffisant pour encaisser une telle sortie, parcourue à environ 30km/h de moyenne. Une vitesse assez éloignée des vitesses de course qui ne m’a pas empêché d’éprouver des sensations très intéressantes tout au long de la journée. En réalité, une fois habitué à cette machine et à ses exigences, il devient possible de réaliser n’importe quel type d’effort sans ressentir un manque de confort ou de rendement, même si un cadre comme le Blade RS semblait plus à même de s’adapter à votre niveau, malgré son poids plus élevé.
Notre avis
Ce Look 785 Huez RS est dans l’ensemble un cadre assez intéressant, qui exprime ses qualités lorsque l’on y met un peu de bonne volonté. Le confort ne sera pas son point fort, mais les longues (très longues) sorties auront prouvé qu’il était parfaitement en mesure de vous emmener partout, quelle que soit la nature du terrain. Un cadre pour les compétiteurs, qui répond à merveille une fois lancé, et qui offre une belle réactivité lors des changements de rythme malgré son poids légèrement plus élevé dû aux freins à disques. Un bilan positif qui séduira les compétiteurs aguerris, mais aussi les cyclosportifs résidant dans des régions vallonnées, qui pourront tirer profit de ses qualités sur ce type de terrain pour se faire plaisir à l’entraînement ou sur de belles cyclosportives. Les quelques bémols évoqués sont néanmoins à prendre en considération, car ce 785 reste une machine exigeante qui ne conviendra pas forcément à tout le monde.
On a aimé :
Les sensations en compétition et à haute intensité
Le poids contenu pour une version disques
Les bonnes sensations éprouvées sur la durée
Le freinage et la précision de pilotage
Le prix, assez contenu pour un cadre de ce niveau
On a moins aimé :
Ses performances en descente, assez moyennes
Son manque de confort à faible intensité, parfois contraignant
Note
7,5/10
Fiche technique
Marque : Look
Modèle : 785 Huez RS Disc
Prix : 6500 €
Poids : 7,5kg
Transmission : Shimano Ultegra Di2
Roues : Corima 47 WS
Cintre, potence, tige de selle : Look
Selle : San Marco