Home Articles Des phénomènes comme Roglic et Pogacar en pleine ébullition dans le magma des Balkans ?

Des phénomènes comme Roglic et Pogacar en pleine ébullition dans le magma des Balkans ?

by Aboubacar Soumare

Il y a une décennie, mentionner la Slovénie dans le monde du sport nous orientait automatiquement vers le basketball et les sports d’hiver. Ce petit pays encastré dans les Alpes Juliennes n’était pas si inconnu que cela dans le cyclisme mais avait un impact circonscrit à la performance d’un ou deux coureurs avec une bonne partie du contingent qui s’affichait en hommes de devoir.

Le véritable fer de lance du cyclisme slovène demeure Janez Brajkovič, qui entame cette saison sa 17e année de carrière dans l’équipe Continentale serbe Ferei-CCN Metalec. Cette longue carrière a été parsemée de résultats mémorables, dont l’apogée est fixé sur sa victoire au Critérium du Dauphiné 2010, devant un certain Alberto Contador. Ce spécialiste des courses d’une semaine a également signé une 9e place honorable sur le Tour de France 2012, propulsant son pays à un niveau jamais atteint à l’époque.

En parlant de spécialiste des courses d’une semaine, on retrouve toute la maestria en Simon Špilak. « Ice-man » avait cette particularité de briller exclusivement en début de saison. Il a fait de la Suisse son territoire d’action favori, avec deux Tours de Suisse (2015 et 2017) et un Tour de Romandie (2010) dans l’escarcelle. Il ne s’est jamais fait aux Grands Tours, les trouvant très ennuyants, en plus de détester la chaleur. Ayant pris sa retraite en 2019, il a assisté à l’éclosion précoce de Matej Mohorič, qui s’est servi d’un nouveau style de descente, interdit depuis le mois d’avril dernier, pour s’imposer de manière retentissante sur le circuit vallonné de Florence aux mondiaux espoirs de 2013. À seulement 19 ans, il intégrait le World Tour, constituant une grande curiosité à l’époque. Mais ce choix de vite monter dans le milieu professionnel s’est avéré comme un échec. Il s’est baladé d’équipe en équipe, avant d’aboutir à la maturité en 2018. Depuis lors, il fait partie des rares coureurs à avoir gagnés sur les trois Grands Tours.

Le cycliste suivant est passé au vélo pour se remettre au niveau, après une blessure survenue dans le saut à ski (discipline d’origine). Mais il s’y plaira finalement, pour devenir un mastodonte. Primož Roglič comptabilise en effet trois Vuelta, quinze victoires d’étape sur les Grands Tours et un monument (Liège-Bastogne-Liège 2020). Le médaillé d’or olympique (du contre-la-montre) court néanmoins derrière le Tour de France depuis près trois ans, sans réussite, contrarié principalement par Tadej Pogačar le dernier tonitruant des Slovènes en date.

Le natif de Klanec bat tous les records de précocité flirtant constamment avec les cimes : 5e du Tour de Slovénie à seulement 18 ans, son intégration au niveau supérieur a été très rapide, à tel point qu’en trois ans il a gagné deux Tour de France en plus de Liège-Bastogne-Liège et du Tour de Lombardie.

En 2022, ils seront sept professionnels slovènes sur le circuit pour essayer de maintenir le pays dans le top 10 UCI des meilleures nations.

Roglic lors de son succès sur le contre-la-montre des JO 2020

Ils ne sont plus en U23 et semblent avoir laissé passer leurs chances

Dans ce cyclisme moderne où beaucoup passent directement de junior à professionnel, parfaire ses galons dans la catégorie Espoir sans un contrat dans le niveau supérieur à la clé annihile les espoirs de pouvoir un jour réaliser ses rêves.

On déplorera cette absence de structure de référence en Europe de l’Est, laissant la plupart des jeunes sur le carreau. L’année passée, on comptait seulement 4 équipes en continentale pour cet ensemble géographique, avant l’ajout cette saison des Serbes de la Ferei-CCN Metalac et des Slovènes du Cycling Team Kranj, qui reviennent à ce stade après dix années en Elite.

C’est dans ce club slovène que Jaka Primožič a poursuivi son développement pendant une demi-décennie. Partagé entre son service militaire et le cyclisme, il n’a jamais pu être régulier sur ce calendrier de course sans grandes variétés. Polyvalent à ses années en junior, il a de nombreux coup d’éclat à son actif, à tel point que nous pensons qu’il ne peut que s’épanouir dans sa nouvelle équipe autrichienne : la Hrinkow Advarics Cycleang. Un choix d’autant plus surprenant qu’il n’a pas pris la direction d’Adria Mobile, au contraire de son ancien coéquipier Nik Čemažar, qui a décroché il y a quelques mois sa première victoire sur la course monténégrine de l’Adriatic Race. Ce longiligne rouleur grimpeur a pas mal de solides références en junior (très souvent supérieur à Pogačar) mais s’est un peu perdu ces dernières saisons. Peut-être veut-il utiliser la même rampe de lancement que Roglič en intégrant l’historique Adria mobile ?

Cette intégration, Kritsjan Hočevar l’a faite il y a 18 mois et a sorti une saison de belle facture en 2021. Son plus grand résultat reste sa 2e place sur la Course des Nations, mais il reste sur la corde raide avec une forme versatile selon la course. En plus d’Adria Mobile, la Ljubjana Gusto fait aussi dans la formation de jeunes coureurs et a vu passer dans ces rangs Tadej Pogačar. C’est dans cette structure que Žiga Jerman a fait son retour pour se relancer après une brève saison en professionnel avec Androni Sidermec. Une situation pour le moins amère pour celui qui est allé à l’aventure très tôt à la continentale FDJ.

Ils seront 36 en Continentale, soit une hausse de 50 % par rapport aux effectifs des dernières années, dont une belle brochette à moins de 23 ans.

Žiga Jerman, Nik Čemažar, Tadej Pogačar, Jaka Primožič, Izidor Penko et Žiga Horvat avant le départ des mondiaux d’Innsbruck

Gal Glivar le prochain prodige ?

Étant seulement de 2002, il est l’auteur d’une incroyable saison. Ses 44 jours de courses ont nettement mis en exergue son énorme potentiel et c’est surtout sa grande constance qui étonne le plus. Sur sept mois, il a enchaîné des performances de haut vol dans les classements généraux des courses comme le Tour d’Hongrie, le Tour de Slovénie ou encore le Tour de République Tchèque. Il s’est bien comporté sur les étapes de montagne du Tour de l’Avenir en étant le 7e meilleur jeune. Terminant la saison à un gros niveau, il est tout naturel de penser que dans son évolution la saison à venir serait l’année de la grande explosion. Il a d’ailleurs accepté de répondre à quelques questions :

Cycling Times : Bonjour Gal, peux-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs ?

Gal Glivar : Salut je m’appelle Gal Glivar. J’ai 19 ans et je suis un cycliste slovène courant au niveau continental chez Adria Mobile.

CT : Qu’est-ce qui t’as poussé à te lancer dans le cyclisme ?

GG : J’apprécie beaucoup la liberté qui réside dans ce sport. Lorsque je m’entraîne je suis déconnecté du monde et profite de la nature et de la constante mobilité.

CT : Qui était ton coureur préféré quand tu étais plus jeune ?

GG : Clairement Janez Brajkovič qui a été dans le top 10 du Tour de France. Et même actuellement il est parmi mes préférés.

CT : Comment as-tu trouvé ta saison passée ?

GG : J’ai alterné le bon et le moins bon. J’ai mal commencé ma saison avec une vilaine chute. Ensuite je suis revenu en mai et après tout est allé dans le bon sens.

CT : Quelle a été ta meilleure performance l’an dernier ?

GG : Sur chaque course j’ai donné mon meilleur mais la 11e place sur les championnats d’Europe revêt beaucoup plus d’importance à mes yeux.

CT : Tu seras l’un des coureurs U23 les plus suivis cette saison, quels sont tes objectifs ?

GG : Mon principal challenge de cette saison est de corriger mes erreurs et surtout d’apprendre de mes coéquipiers plus expérimentés. Je ne veux surtout pas brûler une étape.

CT : Tu as passé une bonne partie du mois de janvier à Teide, comment as-tu trouvé ce camp d’entraînement ?

GG : J’ai été pendant trois semaines sur l’île de Gran Canaria. Avec l’équipe, nous avons fait une très belle préparation pour la saison à venir. Toutes les conditions sont réunies pour rouler là-bas. Ce week-end [ndlr : le week-end passé] nous entamerons un autre camp d’entraînement en Croatie.

CT : Quelles courses rêves-tu de gagner en tant que professionnel ?

GG : Le Tour de France c’est un rêve pour chaque coureur je crois.

CT : Dans quelle catégorie de coureurs peut-on te classer ?

GG : J’adore grimper et je mets beaucoup d’efforts à m’améliorer. Assurément je veux être un grimpeur.

CT : Que représentent les icônes nationales pour toi (Pogačar, Roglič et Mohorič) ?

GG : La Slovénie est un petit pays et le fait d’avoir les meilleurs coureurs du circuit est un réel plaisir. Mais par le passé on a eu de très bons coureurs comme Simon Špilak, Janez Brajkovič, Tadej Valjavec et tant d’autres.

CT : Comment trouves-tu le projet Adria Mobile pour les jeunes coureurs ?

GG : C’est ma 11e année dans la structure, des catégories U13 jusqu’en élite. C’est une équipe près de chez moi. Je l’aime beaucoup et je m’y sens comme dans une seconde famille.

CT : Quelle sera ta course de reprise ?

GG : Je reprendrai en Croatie sur l’Istrian Spring Trophy.

Merci à Gal Glivar de nous avoir accordé de son temps et nous lui souhaitons le meilleur pour cette année.

Gal Glivar en troisième position lors de l’attaque d’Ayuso sur les championnats U23

D’autres pépites ?

Nous pouvons en ressortir deux du lot, bien que l’ajout des nouvelles équipes continentales axées sur le développement simplifie l’éclosion d’autres pousses.

Le premier est Fran Miholjević qui se retrouve dans les mêmes eaux de performances que Glivar (même âge). Il a aussi connu aussi la Adria Mobile. Pourtant, il est Croate et peut espérer impacter l’histoire de son pays. Beaucoup plus complet que Glivar, il a beaucoup à faire pour au moins faire oublier Kristijan Đurasek ou Robert Kišerlovski, deux grandes figures du cyclisme croate. Le premier connu de manière funeste pour une fin de carrière emmêlée avec le dopage et le second pour ses deux top 10 au classement général du Giro.

Miholjević court depuis l’année passée pour la formation italienne Cycling team Fruili remportant deux victoires en contre-la-montre, en 2021 notamment.

Le second est Matevž Govekar qui mérite également, à juste titre, d’être référencé. Inconnu jusqu’en 2020, il a signé pour la Tirol KTM, structure à majorité autrichienne. Ce puncheur sprinteur a fini à la 6e place du championnat de Slovénie, juste derrière Pogačar, et aussi à la 6 e du Trofeo Matteotti, en étant le premier non professionnel à finir si haut. Il a moins de jours de course que les premiers cités mais à 22 ans, il serait intéressant de le voir sur un solide calendrier.

Pour conclure dans la série des bonnes nouvelles, il y a le lancement de la Pogi Team (sous l’initiative de Tadej Pogačar) en classe Junior, regroupant en tout 24 Slovènes de la génération 2005-2006. Ils ne vont pas tous devenir de grandes stars mais une chose est sûre, c’est un grand pas en avant pour réduire la perte des jeunes très tôt, comme le montre l’exemple d’Izidor Penko, qui n’a pas pu avoir l’accompagnement adéquat après sa bonne tenue en junior.

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